DEUX MARS ET ÇA REPART Printemps 2015, Vincent Kohler met sur orbite le one man très show «Un aller simple pour Mars». Automne 2015 (grand écran) et janvier 2016 (DVD), Matt Damon atterrit avec «Seul sur Mars» du côté des grands écrans mondiaux. Deux approches, deux divertissements, deux comédiens. Dans le jeu des comparaisons, un écrase nettement l’autre.
Vincent Kohler (La Chaux-de-Fonds) et Matt Damon (Cambridge) ont tous les deux la Planète Rouge dans la combinaison spatiale (celle qui recouvre la peau). Dans «Un aller simple pour Mars», le Suisse s’emmerde au milieu des étendues de sable ocre. Avec «Seul sur Mars », l’Américain essaie de rester en vie. Même idée de base fort spatiale. Ensuite, tout est une question d’approche et de module. Qui de Vincent Kohler ou de Matt Damon s’en tire le mieux ? Il n’y a pas photo !
La trame
La base de «Seul sur Mars» provient d’un livre d’Andy Weir, retravaillée aux normes du cinéma par le réalisateur Ridley Scott. Rien d’original, il s’agit d’une fiction OGM calibrée pur pop corn. «Un aller simple pour Mars» défend l’artisanat créatif. Il s’agit d’une trame du cru, cultivée par Vincent Kohler et Patrick Nordmann. Comme le veut le bon sens : il faut créer local et rire bio, sans pesticides hollywoodiens. Le Monsanto de l’imaginaire ne passera pas!
Avantage : Vincent Kohler
L’esprit
Dans «Seul sur Mars» règne l’esprit des Bisounours de la Galaxie. Les Américains, avec l’aide des Chinois, claquent des millions pour sauver un seul pékin. C’est tant bô qu’on en pleure d’émotion! L’équipage – qui a abandonné Matt Damon le croyant mort – sacrifie 500 et quelques jours, et revient le récupérer. Que de guimauve en apesanteur ! «Un aller simple pour Mars» change de registre. En plein vol aller, l’équipage s’est abondamment massacré au moindre prétexte futile. Kohler ne doit son salut qu’à une présence assidue dans les toilettes de la fusée. A nos yeux, il s’agit d’une vision plus saine et réaliste du genre humain.
Avantage : Vincent Kohler
L’alcool
«Un aller simple pour Mars» offre à son interprète la possibilité de s’en jeter un ou deux sur scène. Et ce malgré la présence gênante d’un casque. «Seul sur Mars» ne consomme pas d’alcool. Pire ! Matt Damon arrive à recréer de l’eau par procédé chimique. Il cultive des patates – grâce à ses excréments – et ne pense pas une seconde à les distiller (les pommes de terre). Un hygiénisme de sobriété déplacée, on vous dit.
Avantage : Vincent Kohler
L’humour
Il peut arriver que l’on rie – volontairement – à «Seul sur Mars». L’essentiel des vannes repose sur la musique disco que doit écouter Matt Damon car il n’y a pas d’autre genre disponible sur la playlist numérique. «Un aller simple pour Mars» sollicite vos zygomatiques avec une plus grande constance.
Avantage : Vincent Kohler
Les communications
Matt Damon perd de nombreux jours à établir une communication avec la NASA. Il doit même aller récupérer une rustique sonde de 1997 – Pathfinder – qui lui permet de se rebrancher côté Terre. Amateur! Vincent Kohler possède un téléphone bien plus sophistiqué. Des démarcheurs publicitaires le dérangent même sur Mars, tentant de lui fourguer un abonnement familial.
Avantage : Vincent Kohler
La durée
«Seul sur Mars» pèse 2 heures et 20 minutes. On en sort laminé. «Un aller simple pour Mars» navigue autour des 75 minutes. Vincent Kohler – contrairement à Matt Damon – a compris qu’il y avait un après spectacle où les humains se disent des choses autour d’une table. Voire qu’ils pouvaient avoir une vie sexuelle.
Avantage (oh oui, oh oui, oh oui) : Vincent Kohler
Au final : le fait que l’auteur de ces lignes aime beaucoup Vincent Kohler n’entraîne en aucune façon une altération subjective de son esprit critique.
Joël Cerutti
Un aller simple pour Mars
http://www.vincent-kohler.com/website/spectacle-14-un-aller-simple-pour-mars.html
Seul sur Mars