PAS CAP?   Défi aux informaticiens ! PJ Investigations voudrait lancer une appli pour secouer la vie politique. Grâce à quatre fonctions, tu saurais tout des agissements passés, présents de tes élu(e)s à Berne. Avec une fonction qui te permettrait de mettre sur pied des lobbys citoyens et numériques.

On a des applications qui nous apprennent des trucs dingues. A reconnaître des fleurs, des arbres, des montagnes, des traces d’animaux. Une bête photo et tu te mues en encyclopédie environnementale sur deux pattes. L’application te dissèque le pistil, scanne la branche, identifie le mont ou l’empreinte. En temps réel, les indications pleuvent et dissipent les nuages de ton inculture. Dans le règne animal voire botanique, le cador, c’est toi.

Et dans le domaine politique ?

Il y aurait pourtant un urgent besoin – dans ce monde où règne l’enfumage, où les cartes s’emmêlent les carreaux, les cœurs, les piques et les trèfles – à inventer une appli adéquate. Aux développeurs qui vont se battre pour relever le défi, voici ce que j’attendrais. La phase-test s’appliquerait à nos élu(e)s sous la Coupole Bernoise. Nommons, déjà, notre appli: Politik Art.

Un premier niveau basique indiquerait le parti. Le ou la politicien(ne) passe à la télé, à la radio ? Politik Art reconnaît son visage ou sa voix et te dit à quelle tribu politique il appartient. Sois honnête. Toi le Valaisan, tu te débrouilles avec tes huit Conseillers Nationaux et tes deux Conseillers aux Etats. Vaguement, tu pourrais te dépatouiller avec quelques ténors des autres cantons. Il y a du taff dans le trombinoscope helvétique, pas vrai?

Bref, une photo, un enregistrement et Politik Art te le classe de gauche et de droite. A une période où la gauche se droitise et la droite se gauchise, ça peut faciliter des repères. Cet amuse-bouche de programmation effectué, entrons dans le vif des sujets et le second niveau. Un exemple clair s’impose. Dans la famille UDC, je choisis le chef, Albert Rösti, farouche opposant à la Stratégie Energétique 2050, celle sur laquelle nous allons voter le 21 mai prochain. Difficile d’oublier que Rösti est président de l’UDC. Certes… mais à part ça ? Quelqu’un s’est-il amusé à regarder plus loin ? Vers ce que l’on appelle ses « liens d’intérêts » ? Une petite visite sur https://lobbywatch.ch/fr accouche de résultats intéressants. Rösti préside le comité directeur de Swissoil et il milite pour Aktion für vernünftige Energiepolitik Schweiz (AVES), une association qui déploie un lobby conséquent pour chouchouter nos centrales nucléaires.

Avec Politik Art, la politique, ça deviendrait fun.

Du pétrole et l’atome qui garantissent les fins de mois de l’ami Rösti, comment pensez-vous qu’il aborde les énergies alternatives ? Quand il s’exprime, notre Albert Rösti, défend-il les intérêts de ses électeurs, les siens, ceux de ses financiers ? Toi, citoyen lambda, je doute que tu uses ta patience au petit jeu du « Qui est quoi ? ». L’application Politik Art, s’associant avec Lobbywatch, te livrerait les présidences, les conseils d’administration, les jetons de présence sans que tu ne doives creuser des heures sur la toile.

Avec Politik Art, la politique, ça deviendrait fun.

On ajoute une couche et un troisième niveau ?

Qui a voté quoi ?

Tu as déjà essayé de le savoir ? Bien du plaisir sur le site de notre Parlement. Sa convivialité pinailleuse te prend la tête en moins de deux. Politik Art, d’un coup de pouce sur ton écran, te renseignerait illico subito sur les choix. Albert Rösti (eh oui, toujours lui…), le 16 mars 2017, à 11 h 30, sous la Coupole, fait partie des 119 parlementaires (contre 68) qui ont écarté d’une chiquenaude le postulat du Vert lucernois Louis Schelbert . Il demandait de « reconsidérer la dangerosité du glyphosate et les autorisations dont il bénéficie ». Recoupé avec ses « liens d’intérêts », tu piges le pourquoi du comment. Il n’y connaît que dalle en pesticides, Albert. Pourtant répandre en Suisse 300 tonnes annuelles de glyphosate, quoi de mieux que des tracteurs ? Et ça roule avec quoi ces engins ? Swissoil, présidé par Rösti, te remercie d’utiliser de l’énergie fossile dans leurs réservoirs… Que de cohérence subite !!!! Politik Art te rend la politique suisse vraiment transparente.

Une dernière pour la route: le quatrième niveau.

Il est temps de mettre en perspective des verdicts politiques à Berne avec certaines données extérieures. Si tu restes sur le glyphosate, quelques jours après le balayage du vote 14934, explose aux Etats-Unis l’affaire des Monsanto Papers. Elle révèle, tu t’en souviens, que la multinationale a planqué des « études accablantes » concernant les effets de cet herbicide sur l’homme. Quant aux études favorables – attribuées à des académiciens – elles portent la patte de Monsanto. (Re)manque de bol, des noms de ces scientifiques complaisants apparaissent à la fois dans des courriels internes de la firme… et sur un rapport réalisé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui conclut que le glyphosate, c’est que du bonheur pour notre santé !

Je négocie les droits du brevet si un futé de la programmation s’y met.

Que fait l’application Politik Art avec cette information que des parlementaires aimeraient oublier ? Lors d’un prochain débat sur la question, elle envoie à ta demande, sur le mur FB des Conseillers nationaux ou par mail, un rappel de leur ancien vote et de l’actu en question. Ce qui deviendrait un lobby numérique et citoyen. Tu te feras moins de blé que ceux qui pratiquent cet art dans la Salle des Pas Perdus, mais tu pourrais éviter que des saloperies retombent sur le VRAI blé de nos champs. Elle n’est pas belle la vie de mon idée ? Je négocie les droits du brevet si un futé de la programmation s’y met. Chiche ?

Joël Cerutti

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