AU REVOIR? Cela pourrait être une fin… Parmi tant d’autres possibilités! TRAPPES se referme-t-il? Le roman feuilleton s’achève-t-il? Prend-il des vacances? Revient-il plus tard? Nul ne le sait, sauf Joël Cerutti et/ou Ludovic Dabray… Tout est ouvert, rien n’est fermé…
75.
«Salut! Et encore merci pour le poisson… »
Dans son bureau, où le commissaire de Weinbrouck ne cessait de ruminer depuis quelques chapitres, les fils de l’enquête arrêtèrent de s’embrouiller. Agnès Amolphe, dont la famille entière semblait décédée pour au moins 56 générations futures, investit sa tannière élimée, avec un vrai sourire sur le visage.
– Je viens d’avoir un téléphone réjouissant de nos collègues montagnards…
– Je me carbonise d’impatience, répondit notre bipolaire, supputant de l’ironie dans la réplique précédente.
– Ce n’est pas une flûte à six Schtroumpfs, commissaire, un certain Gérard s’est rendu au poste, poussé par son ami Charles. Il dit en avoir marre, je cite «d’histoires de pieux avec des gars qui mènent en bateau tout le monde.» Je recite : «Je largue les amarres, je me fiche de ce que devient Brigitte, je confesse ce qui pourrait être mes fautes, mes grandes fautes.» Il parle d’un certain Louis-Marcel Thulle, homonyme d’un propriétaire de média, qu’il charge de toutes les plaies d’Egypte, même celles qui auraient pu être guéries. Il a des preuves qui l’accablent et le disculpent, lui.
– Agnès, vos mots se muent en un miel de bonheur sur la tartine croustillante de ma vie !
– Notre Gérard dit avoir compris le code JD080770.
– Là, je me perds.
– Il dit que cela nous dépasse, nous autres personnages, que c’était un message entre Ludovic et Joël pour dire qu’il était temps d’arrêter les frais sur cette trame élimée.
– Aaahhh ? Je n’y comprends rien ! Le bourdonnement jouissif des abeilles ne s’estompe pourtant pas… Autre chose ?
– Vous faites quoi ce soir ?
– GGGHHHHH ?
– La nature parle, commissaire. Il serait lamentable de laisser mes désirs – et les vôtres – en friche. D’autant qu’il me semble que mes atours ne vous déplaisent pas.
– Vous l’avez dit !
Dans une galaxie très proche, à savoir quelques pâtés de maison plus loin, Germaine Pranmwadoncq prit soudain compte de l’ignominie de ses actes. Sous sa blondeur, son cerveau pouvait encore lui susurrer quelques embryons de culpabilité judéo-chrétienne. Etait-ce moral, digne, décent, d’occire de «pôvres» boules de poils, par plaisirs psychopathes, juste comme ça, pour une simple jouissance esthétique ? Ses mémoires de vies antérieures littéraires l’avertissaient que son tableau noir de pêchés n’avait plus un millimètre de libre. L’expiation apparaissait comme la seule alternative… Muni d’un rare courage, elle tapota le numéro d’urgence.
– La bombe, demanda-t-elle sans civilité préalable, elle peut avoir un petit ?
A peine le point d’interrogation posé, sa raison d’être se dématérialisa, ses atomes se dispersèrent. Son pavillon de banlieue – isolé au milieu d’un terrain vague dans un quartier abandonné depuis 46 ans suite à la fermeture d’une manufacture horlogère – devint un souvenir d’architecture.
Devant son ordinateur portatif, au milieu d’une terrasse où l’air étouffait pour cause de canicule, IL contemplait les bulles de l’eau minérale. Elles cernaient une tranche de citron coupée en deux morceaux. Dans son cerveau – un peu ralenti par un rhume qui ne faisait guère foin des allergies – il savait que le 75 bouclait le second tour de piste sur TRAPPES. Le chapitre 74, reçut trois heures plus tôt, lui ouvrait cette perspective. Pas dans le sens de sa première idée. IL avait imaginé la fureur de personnages, révoltés par les atrocités des auteurs, qui finissaient par les liquider. Finalement, IL rêvait de vivre et pleinement. Cela aurait été débile de se flinguer. Il adorait trop l’écriture pour ourdir sa propre exécution capitale. Il s’ouvrit à des perspectives plus douces, plus appropriées… Avec son personnage chouchou.
Chapitre 1 (et 39)
Erasme Oncotwar se demandait ce qu’il foutait là.
A la base, il se savait flic, parfois poivrot pour la bonne cause, et là, il était propulsé au milieu d’un appartement.
A l’Ouest du salon, il y avait quelqu’un de nouveau : lui. Pour l’écrire net, il se sentait de tous les points cardinaux tellement il était bourré. Droit comme un I majuscule, le verre de rouge brandi au-dessus de sa tête tel un glaive vengeur, il porta le toast qui tue.
– Mes amis ! Trinquons à la vasectomie et aux oreillons !
Autre part
Dans la Pièce de Programmation Finale (cf. encore chapitre 39), Bill Slate se gratouilla le crâne devant son Premier Ordinateur Quantique Opérationnel. Dans ce domaine, vous le savez, les temps n’existent pas. Les frontières entre les fictions et les réalités non plus. Il avait conçu TRAPPES comme un test bêta sur les milliards d’options dans les possibilités narratives. Du déjanté digne de Tex Avery couchant avec «Piège de Cristal», aux auteurs se glissant dans l’intrigue sous pseudos avant d’y paraître à visages découverts, rien ne manquait. Dans ce jeu où les poupées russes n’étaient dupes de personne, Bill Slate hésitait.
Etait-ce approprié de «rebooter» une troisième fois l’intrigue avec un nouveau personnage principal ? Devait-il bâcher ? Au-dessus de la touche «Enter», le doute l’habitait… Son index se demandait s’il devait remettre le doigt dans cet engrenage.
(à suivre ????????????)