PURGE   Il y a les nettoyages de printemps, TRAPPES serait plus du genre « purge d’été » avant les vacances. Le sort d’au moins trois personnages scellés… Pas dans la triste cire, on vous l’assure! Un chapitre qui porte le sceau de Ludovic Dabray et/ou Joël Cerutti.

74.

On a tous un banc, un arbre, une rue…

Après le vacarme dû à la destruction dans les règles de l’art de son appartement, Ocontwar oyait à présent les sirènes des services de secours alertés par le voisinage. Ocontwar s’en était sorti grâce à la présence d’esprit de Joël Cerutti, mais il n’avait pas eu le temps de faire évacuer tout l’immeuble.
Les ambulances se succédaient pour emporter celles et ceux qui présentaient encore un espoir d’accrocher le dernier train de leur existence. Mais comme de toute façon, ils étaient virtuels et anonymes, les journaux n’en parleraient pas.
Prévenu des événements, le commissaire de Weinbrouck fit affréter un véhicule afin de se rendre sur place, n’ignorant pas que l’adresse qu’on venait de lui communiquer fort obligeamment se trouvait être celle de son précieux adjoint.
Dès son arrivée sur les lieux, il s’enquit auprès du commandant des pompiers de l’état des victimes. L’appartement qui avait été le plus touché était celui d’Érasme Ocontwar et il ne faisait nul doute que c’était lui qui était visé.
D’après les secouristes, personne n’avait été retrouvé dans cette partie de l’immeuble, mais la déflagration avait été telle qu’il était possible que la victime soit réduite à peu de chose ou qu’elle ait été propulsée à travers les débris.
De Weinbrouck s’apprêtait déjà à faire le deuil de son subalterne quand on lui heurta l’épaule :
– Commissaire ?
Il se retourna et découvrit le faciès blême d’Érasme !
– Ocontwar. Vous êtes sain et sauf ?
– Oui. Je me suis retrouvé sur le banc, là-bas, et j’ai assisté à la déflagration de dehors. Impressionnant. Il devait y avoir une fameuse quantité d’explosifs. Il y a des victimes.
– Les ambulanciers ont déjà transporté plusieurs personnes vers les hôpitaux de la région. Mais pas de cadavres pour le moment. Un véritable miracle.
– C’est un coup de Germaine Pranmwadoncq. Elle a piégé mon appartement puis m’y a enfermé. Je n’ai pas eu le temps de découvrir les explosifs avant que tout se déclenche. Elle est complètement folle. Tout ça pour une histoire de chats crevés !
Le commandant des pompiers héla le commissaire.
– Dites, nous ne trouvons pas l’occupant de l’appartement le plus touché. Il s’agirait d’un certain Érasme Ocontwar, un policier. Vous le connaissez ?
– Oui, c’est mon adjoint. Mais il est sain et sauf. C’est l’homme avec qui je discutais quand vous m’avez appelé.
– Il hébergeait des personnes chez lui ?
– Je n’en sais rien. Ocontwar, vous pouvez venir deux minutes. Dites-moi, vous aviez des gens en visite chez vous ?
– Non j’étais seul !
– Je vous demande ça parce que mes hommes ont trouvé deux cadavres dans les restes d’un placard. Deux Asiatiques. Apparemment, un couple. Vous les connaissez ?
– Pas du tout. Vous avez pu les identifier.
– Ce sera le boulot de votre police scientifique. Ils ne portaient aucun document.
Le téléphone sonna.
– Allô, c’est toi Ludovic ?
– Oui. Qui veux-tu que ce soit ?
– On ne sait jamais. Dis, ce n’est pas beau de te venger de « mon » explosion en liquidant des personnages.
– C’est vrai qu’ils étaient marrants Ping et Pong. Avec leur manie idiote de se planquer dans les armoires.
– Germaine est toujours chez toi ?
– Non. Mais, je te laisse, j’ai de la visite !
Et la communication prit fin.
– Vous avez fait du théâtre, vous Dabray ?
– Un peu.
– Et de la mise en scène.
– Également.
– Et vous avez des bases en technique du spectacle.
– Oui, et alors ?
– Alors, voilà. Il s’agissait d’une radio faite par des minus pour des minus et je souhaiterais une radio faite par des types intelligents pour des auditeurs intelligents. Vous aurez les pleins pouvoirs.
– Faites attention, vous risquez de regretter ce que vous venez de dire.
– Alors, vous acceptez ?
– Si vous me garantissez toute liberté !
– Il faudrait d’abord s’entendre sur le sens du mot liberté.
– Ben, c’est un terme qui, par définition, n’admet aucune restriction.
– OK, je prends le risque !
– Eh bien, ça va, je tente ma chance.
Et le président Louis-Marcel Thulle prit congé.
Le portable de Joël Cerutti vibra.
– Joël, Louis-Marcel Thulle sort d’ici.
– Tu ne vas pas faire défiler tous les personnages dans ton salon ?
– Non, mais, là, c’était le vrai Louis-Marcel Thulle. Le président de Radio-Plus.
– Il s’est déplacé chez toi ?
– Oui ! Et tu sais quoi ? Il me propose la direction de Radio-Plus !
– Et tu as accepté ?
– Évidemment !
– À de bonnes conditions ?
– Les pleins pouvoirs !
– Je parle des conditions financières ?
– Ben, nous verrons ça plus tard, hein, mon p’tit vieux !
– Eh bien, bravo, mon gars. Je suis sincèrement heureux pour toi.
– Il n’y a qu’un petit problème ?
– Lequel ?
– Ben, c’est que nous utilisions Louis-Marcel Thulle comme nom de personnage dans notre roman. Il faut absolument arrêter ça.
– Il n’est pas au courant. Ce type ne doit pas se promener sur internet !
– Vaut mieux être prudent, quand même !
– Et on continue comment, si tu passes ton temps à tuer des personnages ou à les rendre inexploitables ?
– Il en reste toujours assez pour écrire le 75. Je te fais confiance !

(à suivre…)

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