SOLUTION   Comment un rat mort peut-il dormir? Est-ce que les rongeurs ronflent dans l’au-delà? Une souris souffre-t-elle d’apnée du sommeil ? Que de dérivatifs pour noyer le poisson: ERASME VA-T-IL S’EN SORTIR? Seuls Joël Cerutti et/ou Ludovic Dabray ont la solution. Quoique, dans ce chapitre, c’est plus l’un que l’autre.

73.

Quand tout le monde est de mèche, mais rebelle!

Il existe des expressions vraiment à la con. « Dormir comme un rat mort » comporte sa propre négation. «Mort » et « dormir », quand il y en a un, l’autre ne possède plus sa raison d’être. « Dormir comme un rat mort zombie », on pourrait entrer en matière.
Quelqu’un qui ne dormait pas par crainte de la mort, voire d’être transformé en zombie ? Nul autre que le flic Erasme Oncotwar qui, en l’espace de trois minutes, avait retourné son petit appartement avec la puissance d’un phacochère sous stéroïdes et traqué par une meute pugnace.
La perspective d’une déflagration le réduisant en poussière – car tout n’est que poussière, comme le souligne souvent la marque Dyson qui, jamais, ne nous offrira un aspirateur sans sac (cela fait au moins la 4e fois dans TRAPPES que l’on tente un placement de produit intéressé, on s’est pris des gamelles, ce qui ne freine pas notre optimiste ou notre obstination).
Flic, cela vous trouve des indices mieux qu’un chien truffier. Erasme Oncotwar devait pourtant devenir pacifiste devant une évidence certaine : il débusquait, humait, mettait la main sur du néant. Un genre de vide qui fiche les flopettes grave. A la sixième fouille en cinq minutes, il s’abattit sur son lit, reprit son téléphone et joua son va-tout le plus désespéré.
Comme à son habitude, IL laissa l’appel virer sur sa messagerie. Erasme Oncotwar insista dix fois jusqu’au moment où, de guerre lasse, IL accepta de mauvaise grâce la communication.

– Vous êtes en numéro caché, je déteste ça, et vous avez de la chance que je réponde ! prévint-il tout de go.
– Germaine a flanqué une bombe chez moi, je ne la trouve pas !!!!!
– En quoi ça me concerne ?
– C’est vous qui avez initié la scène, vous devriez avoir une idée !
– Alors écoute ! D’un jour à l’autre, c’est l’imprévu qui prend le pas sur la structure de l’histoire…
– Ne me dites pas que vous n’avez aucune idée !
– Non.
– Vous êtes de mauvaise foi.
– Peut-être un peu.
– Vous me faites mariner !
– Ouaip.
– Vous n’êtes pas un peu un sale con sadique ?

La question de trop. Visiblement…

– Mon gars, il n’est d’abord pas inscrit dans ton contrat de personnage que tu peux appeler son écrivain quand bon te semble. Je t’incite à le relire. Tu suis ce qui t’arrive et basta ! Ensuite, tu n’es pas le seul à avoir des problèmes ! Tu as ta bombe, j’ai les miennes ! Je viens de me faire répudier, pour des raisons bancales, d’un groupe et cela m’emmerde. J’ai toutes les administrations qui me collent au train pour remplir des papiers, payer des amendes. J’essaie de reposer les bases de ma nouvelle vie et tu viens me briser menu les nougats, voire les noisettes, avec tes angoisses existentielles ?!
– JE NE VEUX PAS CREVER MAINTENANT ! J’aime cette histoire ! Je n’y ai pas encore trouvé ma vraie place, cela serait gâcher, merde !

Tout bref interlude pour parler quand même un peu de Gérard

JD080770, le chiffre tournait en rond dans la tête de Gérard (cf. fin chapitre 68, soit sa dernière apparition). Il désignait la prochaine cible, trouvée sur le portable de Pong. Les intimidations d’usage n’avaient donné aucun résultat exploitable. Pong ne s’était mis à table que sur un modèle dit « de nuit ». Soit une minuscule confession. Qui était concerné ? « Des personnes bien plus haut que nous tous réunis…», avait sifflé Pong entre ce qui lui restait de dents.

Fin du bref interlude pour parler quand même un peu de Gérard

Un silence, presque empathique, du moins perçu en tant que tel, fit écho au cri du cœur d’Erasme. L’auteur semblait compatir.

– C’est vrai que je t’apprécie. Tu as un potentiel intéressant. Il serait dommage de se priver de tes compétences…
– On glose… Cela ne fait pas avancer mon Schmilblick avec cette bombe. La phrase a l’air calme en apparence, juste pour ne pas mettre des points d’exclamations partout !
– En termes de raisonnements, ne commence pas à me décevoir.
– ?
– Réfléchis… Germaine fonctionne comme une professionnelle. Tu crois quoi ? Qu’elle serait assez conne, alors qu’elle vient de passer au poste par ta faute, d’immédiatement te zigouiller ?
– Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de bombe ?
– Logique. Elle t’a fait marcher et toi tu as couru…
– Quelle salope !
– Mais fais gaffe… Elle essaie de se mettre dans les petits papiers de Ludovic. Elle siffle toutes ses bières, elle déploie ses atouts de femme fatale et, nous avons beau vouer une passion pour le clavier, nos doigts apprécient la chair.
– Ce qui voudrait dire ?
– Qu’au moment où je passe la main, il pourrait, en deux phrases, remettre une bombe quelque part…
– On fait quoi ?

Au moment où Erasme paniquait ferme, le paysage de son appartement dévasté s’estompa. Un nouvel environnement se construisit autour de son corps. Assis sur un banc, entre deux mornes marronniers et une poubelle, il se réincarna au pied de son bâtiment. Puis une gerbe de flammes et de gravats gris secoua les fondations, décrocha des tuiles, réduisit des vitres en éclats. L’appartement d’Erasme avait vécu.

– C’était nécessaire ? questionna le flic, toujours collé au téléphone.
– Un peu gratuit, je te le concède. Enfin… Comme ça l’autre n’aura pas la tentation de… Et, qui sait, il y avait peut-être ou quand même une bombe !

(à suivre…)

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