PATER NOSTER   Peut-on croire en un  Dieu qui défonce la vitrine d’un Starbuck, complètement shooté, au volant d’un Hummer? Oui… On peut croire qu’il va continuer sur cette lancée et commettre certains actes encore plus condamnables. La preuve:

57.

Lors d’une mise en bière, pourquoi ne met-on pas une capsule sur la tête du mort?

Acte 1

L’Autre Dieu tenait son Apocalypse Humaine à la merci de son Goupillon ultime. Louis-Marcel Thulle braquait Gérard Pierlot sans que sa main ne tremble. Dans sa bouche, un coup métallique et salé du sang. Celui découlant du gnon assené quelques minutes plus tôt. Un de plus. Le Nouveau Créateur avait, pour la énième fois, souffert dans son chemin de croix. Il allait sous peu en offrir une à sa cible. Au-dessus de sa future tombe.

– Vous allez le regretter… émit Gérard d’une voix déjà déconnectée, sans fil.
– Regretter quoi ? De vous tuer ? Je vous ai conçu, j’ai le droit de vous éradiquer.
– Il ne faudrait pas inverser les rôles ! C’est vous qui avez viré ! Et dans un Starbuck, complètement shooté…
– C’EST EUX QUI M’ONT RENDU AINSI !

Pas rassuré pour un sous (voire deux), Gérard observait Thulle se tendre, virant au pourpre, avec de la sueur perlant sur son front. Sa main tremblait rageusement, son index sur la gâchette se crispait.

– Ils m’ont poussé à être ce que j’étais pour ensuite m’enterrer vivant grâce à votre campagne de dénigrement. Vous m’avez tué sur toutes les facettes de mon existence ! Je me suis retiré du monde, dans une abbaye et c’est là que j’ai compris que je ne pouvais être en paix sans votre Ultime Absolution…
– Et vous revenez, vous tuez Vaucresson pour me coller son meurtre sur le dos !
– Vous l’aviez déjà tué, vous lui avez volé sa femme !!!!
– Mes empreintes ?
– Une agence les a recueillies chez vous et dupliquées sur une paire de gants. Basique.
– Et pourquoi cette suite de cadavres ?

Acte 2 (après sa fuite, au moment où elle entre «hirsute» dans le bureau de Weinbrouck)

– Gérard, il est…

Brigitte interrompit sa phrase. Lasse. Les images de sa fuite par l’escalier de service, son errance, se retrouver vers le seul lieu où elle pensait trouver du réconfort. Pensait. Car l’organisme du commissaire de Weinbrouck venait d’éliminer les derniers effets de sa cure chimique. Une crise monta en puissance.

– Mais on se contrefiche de Gérard ! Et de ses chats qui crèvent dans sa cave ! Si vous cessiez de venir vous écrouler sans cesse dans mon bureau, je pourrais avancer SERIEUSEMENT dans mon enquête !
– Commissaire, j’ai été ENLEVEE !
– Mais bien sûr, tout pour se rendre intéressante. Ecoutez, on a tous et toutes été veufs ou veuve de quelque chose ou quelqu’un. Ce n’est pas une raison pour ne pas faire preuve d’une certaine pudeur. Alors, on va rentrer peinard, on va refaire un gros dodo, et on taillera une petite bavette quand vous serez reposée…
– Mais…
De Weinbrouck, la barbe revêche, brancha l’interphone et trancha :
– Agnès, vous m’appelez l’Hôpital Roger-Jean Gouyé, dit «La Passoire Psy». Qu’ils envoient une ambulance fissa et A LEURS FRAIS !!!

Acte 1 (retour chez l’Autre Dieu, sa Vie Volée, ses Confessions, ses Œuvres d’égoût)

Gagner ce qui pouvait lui rester de temps. Les Immondes Grands Méchants adorent se répandre, il suffit de regarder les James Bond…

– Ces cadavres ? En l’honneur, en mémoire des Anonymes que je ne connais pas et dont vous avez mis l’honneur EN MORCEAUX ! Olivier Vaucresson, je n’ai fait que terminer votre tromperie avec son existence. Les autres… Je me suis servi dans les corps donnés à la Science. Je n’ai été que l’Exécuteur de mes Hautes Œuvres.
– Vous en avez fait tellement que la police n’a aucun doute sur mon innocence.
– Là n’est pas la question ! Vous voici en face à votre Destin…

Gérard n’aima pas le regard. Il eut raison. Le coup partit.

Acte 3 (où Brigitte est une fille qui aime l’air, le prendre…)

Contredisant bien des idées machistes, Brigitte savait lire une carte routière et possédait un solide sens de l’orientation. Revenue à sa case départ – l’Hôpital Roger-Jean Gouyé – elle joua la victime de deux cinglés, l’un qui l’avait kidnappée et l’autre qui l’avait virée de son office sans lui porter le moindre crédit. Dès qu’elle fut enfin seule, elle s’évapora dans la Nature. Elle savait où se rendre, ayant noté l’adresse de Louis-Marcel Thulle pour la transmettre à ce */&%****+ de Weinbrouck (par instant, nous modérons notre vocabulaire). Elle prit un taxi, un peu en retrait de l’Hosto Gouyé, indiqua sa direction et se rongea les sangs durant tout le trajet. Deux infirmières, mère et fille, lui avaient indiqué que Gérard était passé par là. Et si son amant potentiel avait deviné l’identité de son tortionnaire ? Et si il avait eu l’idée saugrenue de se prendre pour un apprenti Zorro et voler à son secours ? A force de «si» dans sa tête, Brigitte mit Paris dans un Jéroboam… Arrivée chez Thulle, ce qu’elle aperçut ne lui plus pas du tout.
Un choc.
Pas de téléphone – ni mobile pour elle, ni fixe chez le Louis-Marcel – elle reprit, hystérique, un autre taxi. Elle n’alerta personne, cela ne concernait que elle et Weinbrouck. Qui allait enfin se bouger, CETTE FOIS. Au commissariat, ses forces la lâchèrent à un moment inopportun. Devant le seuil du commissaire.
De Weinbrouck ouvrit la porte pour découvrir, à la place qu’occupe d’habitude un paillasson, Brigitte Vaucresson. Elle parvint à susurrer avant de repartir dans l’inconscience :
– Gérard, il est…

(à suivre…)

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