INTERROGATOIRE   Quel cri pousse un castor sur la queue duquel un rhinocéros se serait assis? On vous laisse l’imaginer et lire le reste dans ce magnifique 36e chapitre signé par Ludovic Dabray et/ou Joël Cerutti.

Un petit poisson, un petit oiseau, s’aimaient d’amour tendre.

Dans son bureau, le ministre venait de voir s’éloigner les parents d’Ornicar Saint-Pierre-Lafètossi et se rapprocher les emmerdements. Il n’ignorait pas que ce garçon charmant, bon fils, n’était autre que ce fameux Gérard Pierlot, personnage pas forcément volontaire des jeux de son copain Bill Slate.

Depuis le départ des géniteurs de Gérard, le ministre tentait de joindre le ludocréateur, en vain, ignorant que le génial concepteur de ses logiciels préférés était en train de subir les foudres de Brigitte et qu’il n’avait pas forcément envie de répondre au téléphone !

Là-haut sur la montagne, là où était, il y a peu, un beau chalet, avec des murs d’un certain Gérard (Blanc) et un toit d’une autre Brigitte (Bardot), Bill Slate était au bord des larmes. S’il s’était penché, il serait tombé dedans. Mais il s’épanchait plus qu’il ne se penchait !

– Vous comprenez, les amis, vous avez une qualité par rapport à mes autres personnages, c’est que vous êtes des êtres humains.

– Nous sommes mortels et ça vous excite de savoir que nous risquons notre peau ! s’insurgea Gérard.

– Pas du tout !

– Un petit peu quand même ! Et puis nous connaissons la peur et la douleur, n’est-ce pas Slate, renchérit Brigitte en lui donnant un gentil coup de genou dans le bas ventre.

 Oui, la description n’active rien de connu en vous, mais c’est pourtant ce qui sortit de la bouche du supplicié. Il parvint à reprendre :

– Je veux dire qu’en tant qu’êtres humains, vous avez un cerveau qui est capable de trouver d’autres solutions que celles de la brutalité bestiale.

– Et vous Slate, à part la « brutalité bestiale », vous proposez autre chose ?

– Oui, je vous offre des vacances.

– Des vacances ? s’étrangla Brigitte. Mais, ici, nous étions en vacances. Enfin, pas plus de vingt-quatre heures. On ne vous demandait rien !

– Je n’ai pas pu m’en empêcher. Il faut que je sorte ce jeu, c’est urgent. Sinon, je vais me faire lâcher par le ministre !

– C’est le cadet de nos soucis…

– Et pourquoi voulez-vous nous offrir des vacances au fait ?

– À cause de Germaine Pranmwadoncq !

– Vous me redites ça calmement, susurra Brigitte en lui poignant dans les parties intimes pas encore remises du dernier coup bas.

– En fait, il y a eu une légère erreur de manipulation.

– Et ?

Brigitte était en train de tordre ce qui aurait pu être les génitoires de Slate.

– Eh ! Vous me faites mal !

– Ah bon ? Et ?

– Et… Ouille… J’ai dupliqué les sauvegardes de Germaine Pranmwadoncq… Aïe…

– Et alors ? s’impatienta Gérard.

– Ben… Ouïche… Il doit y avoir une demi-douzaine de Germaines en circulation… Vous me faites vraiment mal, là ! Arrêtez !

– Et qu’est-ce que nous en avons à foutre de vos Germaines ? C’est votre problème.

– Mais… Argh… Vous ne comprenez donc pas ? Waïe !

– Non ?

– Elles sont programmées pour vous tuer !

Brigitte, toujours habile détentrice des gonades de Slate tira un coup sec vers le bas. Ce bon Bill suivit le mouvement avec un léger retard et poursuivit sa chute au sol, en se tordant de douleur !

– Vous nous annoncez froidement qu’après avoir essayé de nous anéantir avec votre engin de mort, vous avez en plus lâché dans la nature une escouade de folles dingues qui n’ont d’autres buts que de nous atomiser.

– Oui, mais, ça, c’est une erreur !

– Ça aussi, c’en est une ! ponctua Brigitte non sans poursuivre l’émasculation (inutile) de Slate d’un coup de talon finement géolocalisé. Et vous n’avez aucun moyen de les arrêter ?

– D’habitude, c’est le cas, mais ici, elles sont patchées en mode « sécurité ».

– En langage clair, ça signifie ?

– Que leur programme est bloqué. Qu’il va se dérouler et qu’aucune intervention n’est possible !

– Vous allez nous conduire immédiatement dans vos bureaux, Slate ! décida Gérard.

– Comment voulez-vous que nous y allions ?

– Votre Sikorsky, là, il n’est pas en panne ?

– Non… Mais je suis incapable de piloter avec la branlée que m’a infligée votre mégère.

– Vous allez prendre sur vous… après ce que vous venez de déguster sous vous, ça fera un équilibre, railla Gérard. Une rouste dans les roustons, c’est normal, non ?

– Assez perdu de temps, on y va, conclut Brigitte en approchant sa dextre de la braguette de Slate.

Ils embarquèrent dans la libellule qui ne tarda pas à s’élever dans les airs permettant à nos héros de découvrir la beauté de ce vallon au milieu du laquelle coulait une rivière. Ils purent aussi apprécier l’efficacité du missile balancé par Slate. Le village voisin allait pouvoir, à peu de frais, créer une piscine olympique.

Un grand H cerclé de blanc sur le toit d’un immeuble annonça la fin du voyage. Slate descendit de l’appareil les jambes arquées comme après une chevauchée transsibérienne à cru sur un cheval d’arçon.

Bill, Brigitte et de Gérard accédèrent à l’intérieur du bâtiment.

Slate posa ses doigts sur le lecteur de sécurité, la porte s’ouvrit sur l’antre de Slate, juste au moment où le téléphone sonnait.

Gérard décrocha.

– Allô ?

– Dites, Slate, c’est le ministre à l’appareil…

(à suivre…)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *