MEDITATION Que faire lorsqu’un milliardaire vient vous demander de l’aide après avoir testé sur vous une marmotte explosive? C’est tout l’intérêt de ce chapitre de TRAPPES qui vous offre même une séance de méditation zen… Un cadeau de Joël Cerutti et/ou Ludovic Dabray.
35.
Lorsque le robinet fuit, l’eau sait-elle le rattraper?
Note préliminaire au chapitre 35 :
A la demande du coauteur, les 5000 signes qui vont suivre ne comprendront aucune explosion, pas de cavalcade effrénée, aucune «Georgette» de rechange, pas de scène de torture outrancière (quelques gnons, quand même…), parce que ce monde n’est pas uniquement composé de brutes outrancières, que vous avez besoin d’oxygène, que la Paix règne sur l’univers, que l’on vous aime, et que tu prends cette putain de marguerite que je te tends depuis trois minutes avec un sourire béta sinon je t’en colle une !
– Je vous jure que je vous dis la vérité !
Il n’en menait pas large (ni en long, ni en travers), le Bill Slate.
Milliardaire et finir attaché puis suspendu au rotors de son hélico Sikorsky – GT 89, il y avait de quoi faire pale figure. Pourtant, depuis quelques minutes, des accès de sincérité sortaient de sa voix. Des larmes au bord des yeux, Slate quémandait… de l’aide !
Revenez sur cette dernière phrase, vous avez bien lu…
– J’ai besoin de vous !
– En essayant de nous réduire en bouillie avec ton missile, tu repasseras ! renvoya Brigitte, très sèche.
Elle décocha un coup plutôt vicieux dans le foie du nabot friqué transformé en punching ball.
– Aaaaahh, si ça fait du bien ! Des mois que j’en rêvais ! dit-elle, radieuse.
– C’est gratuit, quand même… releva Gérard.
– Gratuit, peut-être mais qu’est-ce que c’est payant au niveau du défoulement. Tu devrais essayer…
– Tu crois ?
– Je t’en prie…
Gérard s’exécuta, Bill Slate émit un «oufff » de douleur…
– Je ne peux pas te donner tort… concéda Gérard.
– Tu n’allais quand même pas lui tendre une marguerite avec un sourire béta quand il sortait de l’hélicoptère ?
– Faut pas pousser, tu as raison…
– On peut parler ? interrogea Bill Slates, reprenant son souffle.
– On t’en prie…
– J’ai besoin de vous !
– La dame te répète qu’elle trouve que tu as une drôle de façon de nous le montrer… enchaîna Brigitte. Un missile sol-sol balistique Shahab 45, ça déborde d’amour.
– Mais je SAVAIS que vous étiez dans ce bunker souterrain. Notre MQ63-SGR67 peut sonder les sous-sols et identifier les matières. Je SAVAIS que Brigitte affichait une prothèse pour faire croire qu’elle était enceinte. Je SAVAIS que vous SAVIEZ que je vous espionnais…
– Ouais, pas discrète, la marmotte, surtout quand on dispose de détecteur électronique de notre côté… commenta Gérard.
– Je SAVAIS que vous m’attendiez… Alors j’ai marqué ma venue d’une façon un peu… spectaculaire. C’est mon style, que voulez-vous, on ne se refait pas…
– Tu penses… D’une discrétion, on en redemanderait au dessert !
– Et nous n’avions jamais testé MQ63-SGR67 en mode phase deux, on s’est dit…
– Que les braves cons de Brigitte et Gérard seraient les cobayes tout indiqués… compléta Brigitte.
– Vous avez vu, hein, elle marche nickel, la marmotte?!
– OK ! POURQUOI TU AS BESOIN DE NOUS ?
– Faut pas vous énerver comme ça, je…
INTERMEDE A LA DEMANDE DU COAUTEUR QUI VEUT UN CHAPITRE CALME.
Amies lectrices, amis lecteurs, vous allez vous allonger sur votre lit. Fermez les yeux, imaginez un monde calme, une mer plate, une calanque où crissent les grillons à 13 kHz. Ressentez chaque membre de votre corps, commencez par les orteils et remontez vers la tête. Inspirez, expirez, vous voilà en phase avec le Cosmos Absolu. Commençons la méditation guidée. Depuis le haut de la calanque, descendez vers le village sioux au bord de l’Océan (et ne vous posez aucune question géographique, ce n’est pas le moment). Vos pieds, leurs plantes apprécient le sable chaud. Vous traversez les lieux. A votre gauche, à votre droite, regardez, contemplez. Des enfants viennent à votre rencontre. Des guerriers vous saluent en levant leurs arcs. Des squaws nettoient des tomahawks à l’huile de coude (n’importe quoi, votre esprit dérape). Vous êtes au bout de votre voyage. Interrogation : combien de peaux de bisons, avez-vous repéré ? Pouvez-vous connaître votre animal totem ? La suite dans un prochain intermède, payant cette fois, car aucun annonceur ne s’est présenté pour généreusement subventionner notre œuvre magnifique et littéraire.
ET SI NOUS REVENIONS VERS BILL SLATE ?
Rappelez-vous. Juste avant notre coupure oxygénée, le milliardaire disait :
– Faut pas vous énerver comme ça, je…
– On a le droit de s’énerver… s’énerva Brigitte. Cela fait des chapitres que tu nous salopes notre vie ! Moi, je rêvais de me retrouver dans un village améridien au bord d’une calanque…
– Chérie, un village…
– Je SAIS que ce n’est pas correct au niveau géographique, mais j’ai le DROIT de fantasmer, merde ! En lieu et place, tu as vu ce qu’il nous a collé ? Et lui, tout content, heureux ! Pas moi ! Oui, je pète, les plombs ! Personne n’a voulu écouter mon moi intérieur. A part adorer ma longue chevelure, mes yeux, ma façon de faire l’amour, qui s’est intéressé à ce que j’ai au fond de mon cœur ?
– IL VIENT NOUS DEMANDER DE L’AIDE !
Brigitte se tourna vers Slate :
– Ah oui, au fait, pourquoi ?
– Ce sont les clones de Germaine Pranmwadoncq. Ils déconnent complètement. Il n’y a que vous qui pouvez les maîtriser…
(à suivre)