TOUTOUNETTE ET CHICHOUNET Où l’on découvre les effets aphrodisiaques de « Thalassa » pour Toutounette et Chichounet… Qui? Aaahhhh, les héros de TRAPPES n’en sont pas à une identité près! Les plaisirs de la vie conjugale dans toutes leur splendeur rédigés par Joël Cerutti et/ou Ludovic Dabray.
29.
Aaaahh, ben si on peut même pas s’éclaircir la voix (chute d’une plaisanterie ignoble qui ne fait rire que nous…)
Ce jour-là, Gérard réserva une adorable surprise à son épouse Brigitte. Il rentra du bureau avec 23 minutes et 12 secondes d’avance sur les horaires habituels. Pour une fois, le trafic fluidifiait, les voitures s’écoulaient comme un torrent de tôle vers les périphériques. Gérard se coulait au milieu de la rivière bitumée. Il sonna, par malice et gag, à la porte de leur appartement en banlieue. Brigitte vint ouvrir en tablier, les mains enfarinées. Elle le regarda, sourit, et lui dit :
– T’es con, toi…
– Non, je suis heureux d’offrir une petite surprise à ma femme chérie.
Elle ne lui rappela pas qu’il répétait cette plaisanterie au moins six fois par mois.
– Tu as raison, je t’aime.
Elle lui donna un baiser furtif, celui qui survole les lèvres, chaste. Gérard respecta les us et coutumes du logis. A 35 centimètres du palier, il se déchaussa, rangea sa paire dans l’armoire idoine, celle qui fleurait bon la lavande synthétique. Il prit les charentaises offertes voici 6 ans, déposa son veston sur le cintre prévu à cet effet et pénétra dans le salon. L’odeur du repas réjouit ses narines…
– Brigitte, tu as fait des folies…
– Mais non, c’est pour que tu sois heureux, mon Chichounet d’Amour…
– Du hachis parmentier, un vendredi soir, c’est trop et c’est top, Toutounette.
– Je sais ce qui te fait plaisir, mon cœur. Après ta dure semaine, je me dis que cela te permettrait de décompresser.
– Il n’y a pas que la semaine qui est dure… murmura Chichounet, se plaquant contre Toutounette, par derrière, et lui mordillant la nuque.
Le vendredi soir, depuis qu’ils étaient mariés, ouvrait des plages de débauches. A 21 h 45, après quelques reportages appréciés sur «Thalassa» (France 3), Brigitte se montrait réceptive aux ébats. Les sujets sur la mer, le long des golfes vachement clairs, humidifiaient ses zones intimes. Elle était prête, Brigitte, à crever l’oreiller. Le flux, le reflux, le ressac, les mérous, cela la mettait dans des états très réceptifs. A la copulation (missionnaire, dans 80% des cas) et, lorsque son grand fou s’ébouriffait de désir, ils tentaient même d’autres positions. Chichounet d’Amour, dans une grande poussée de testostérone, interprétait le Grand Acte du Mâle Dominateur avec une levrette. Toutounette, parfois, lorsqu’elle avait avalé son quota de verveine, que le foie ne gargouillait pas trop, se sentait partante pour le chevaucher. Lors d’un Nouvel An – débridé par le champagne, ses bulles, ses effets désinhibants – le couple avait même cumulé levrette ET chevauchée presque fantastique, celle des Walkyries pas trop fort sur la stéréo en fond. Le comble du stupre, du lucre et de la fornication.
Nous n’en étions pas encore là.
Ce vendredi, le hachis parmentier pouvait se comparer à des préliminaires gastronomiques avant une certaine concupiscence assumée…
Toutounette, frétillante du croupion, déroula le tapis rouge à son homme jusqu’au canapé du salon.
– Pose-toi, mon mamour de Chichounet, je t’apporte ta petite bière…
– Merci, ma Toutounette, j’en ai besoin.
Il allait mettre Arthur Peeters sur la table, elle le savait. Cet ennemi, au travail, incarnait la bête noire de son mamour. Cela tenait quasi de l’obsession.
– Tu sais ce qu’il a fait, aujourd’hui, le Peeters ?
Bingo !
– Je n’attends rien de bien de lui…
– Lors du débriefing de la semaine, il a essayé de tirer la couverture à lui dans le dossier Serge Depester.
– Non !? Ce culot !
– Tu te rends compte, dis ! C’est moi qui ai mené les négociations, décroché le contrat et le Peeters qui se pointe avec sa gueule enfarinée, laissant sous-entendre qu’il aurait, lui, apporté le client. Tu aurais vu comme je l’ai mouché ! J’avais des selfies avec Depester fils lors du repas d’affaire. Je ne me suis pas gêné de les faire circuler à la pause, tu penses !
– Plein la gueule ! Je suis fière de mon Chichounet…
– Finalement, il n’y aurait pas besoin, ce vendredi-là, de «Thalassa». Cette virilité brute émoustillait Brigitte. Elle…
– STOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOPPPPPPPPPP !
Retour dans une des réalités vraies, nous et vous revoilà en plein hall du Service de la Protection Intérieure du Territoire. Bill Slate venait de demander aux Ping Pong Pong Ping Sisters une tablette iPadsam, dernière génération, 15 pouces de diagonale. D’une paume impérative, il avait bloqué l’avance belliqueuse de Gérard. Il lui avait montré la scène entre Chichounet et Toutounette. Atterrés, lui et Brigitte venaient d’y assister. Avant, presque simultanément, de pousser ce cri :
– STOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOPPPPPPPPPP !
Une clameur qui émergeait du fond des entrailles.
– C’est quoi, cette… merde ? interrogea Brigitte, frissonnante, juste terrorisée à la perspective de devoir réchauffer, tous les vendredis soirs, du hachis parmentier.
– Vous, vous deux. Reprogrammés. Si c’est ce que vous désirez… répondit Bill Slate
– Mais je n’ai jamais rien vu ou lu d’aussi chiant ! C’est consternant de niaiserie, c’est inhumain de faire subir ça à qui que ce soit ! releva Gérard
– Tu veux toujours me casser la gueule… Chichounet ?
(à suivre)