MOUCHE PIQUEE   Pourquoi diantre de diable, l’héroïne tire la gueule durant tout le chapitre. Il va de soi que la réponse ne tombe que dans les dernières lignes… TRAPPES, de Joël Cerutti et/ou Ludovic Dabray, le roman fleuve de votre printemps…

23.

Tout vient à point pour qui sait détendre.

Après l’amour, Brigitte entama une période de moue.

Lorsqu’ils reçurent leurs habits de service et civils, elle s’habilla sans piper un mot. Depuis le laïus qui devait s’autodétruire dans la mémoire de son messager, Gérard avait repéré un sourcil, puis deux qui se fronçaient. Les maxillaires se serrèrent. Le vocabulaire se fit monosyllabique. Du genre à s’auto flageller, se culpabiliser, s’accuser (vous nous les emballez, c’est pour offrir dans un paquet maso), Gérard se questionna.

Qu’avait-il pu mal faire pour que Brigitte se ferme ainsi ? Que ses magnifiques yeux débranchent le chauffage central et que le radiateur de leur relation se refroidisse ainsi ? Quelle était sa faute, sa très grande faute, son ignoble faute ?

Enfin, les réactions de panique habituelle face à un changement d’humeur dont la rationalité dépasse la sensibilité masculine…

Au passage, Gérard nota que ses symptômes de la langue et des pensées outrancières s’étaient évaporés. Sans doute grâce aux contacts poussés, renouvelés et intimes avec Brigitte, le virus finissait par se neutraliser.

N’y pouvant plus, Gérard craqua :

– Qu’est-ce qui ne va pas ?-

– Non, rien…

La pire des réponses qui sous-entendait : «Démerde-toi pour trouver, mon gars, galère un peu que tu comprennes bien l’atrocité de tes actes…» Tout ce que le sexe fort adore…

– Mais si, je le vois bien. A peine l’autre a-t-il tourné les talons qu’on est en pleine guerre froide…

– Gérard, si j’avais un reproche à te faire, tu le saurais immédiatement, crois-moi. Cela ne te concerne pas…

Il l’admira, Brigitte, alors qu’elle mettait une touche finale à son maquillage (ils avaient aussi prévu ça). En tailleur noir, strict, chaussures à talons plats, elle dégageait une classe folle. Se contemplant dans la glace mouchetée de la salle de bain, il dût se concéder une allure virile plus affirmée. Moins gamin, plus agent de terrain. Gérard ruminait et remâchait les dernières nouvelles. «Boussole du service», facile à proférer. Comment s’y retrouver quand on perd le nord pour être un chouïa à l’Ouest, oubliant que l’Est, parfois, on dirait le Sud. ? Paumé. En clair. «Boussole de service, mon cul !», comme dirait Zazie qui n’avait jamais un métro de retard dans les exclamations.

Depuis sa salle informatique, Bill Slate opéra diverses manœuvres financièrement fructueuses. La partie rentable de sa journée. Il plaça quelques billes dans une société soucieuse du stress des cadres dynamiques en Australie. Un marché fructueux si on le mettait en symbiose avec les dépressions autour de la profession. Quitte à investir des cacahuètes dans un domaine, autant que cela devienne une fructueuse plantation d’arachnides.

Puis il revint à d’autres valeurs montantes…

Dans la phase deux, il venait d’introduire une équation qui pouvait rompre un équilibre. Ce qui devenait profitable à la suite du scénario qui aurait pu basculer banalement linéaire. Il en retirait une jouissance indescriptible…

Il attendait les retombées de cette équation avec une jubilation proche du coït.

Quelque part, louons son anticipation jouissive des événements, elle ne pourra que nourrir la suite de l’intrigue…

La phase deux promettait du déjanté et ses babilles s’humidifiaient de jouissance anticipative. Il avait mis le ver dans le fruit, un peu comme le petit Alien qui explose l’estomac d’un passager du Nostromo (nom du vaisseau spatial dans le film «Alien, le 8e passager»).

Une imposante voiture avec blindage et vitres teintées les cueillit à la sortie de l’hôtel qui n’a qu’un œil et une rétine… Brigitte prit sa place avec le port altier des ladies outragées. Gérard avait la démarche de l’eunuque servile, la queue entre les jambes. Le voyage recensa un nombre conséquent de passage d’anges avec leurs chemtrails énigmatiques. Il se trouvait sur la touche, sur le banc, il ne comprenait pas le pourquoi du comment, ce qui, parfois, relève de la logique quantique dans une équation bêtement tridimensionnelle. Inexplicable, en somme.

Le gros machin à quatre roues mit ses clignotants, se parqua, éjecta ses hôtes. Brigitte et Gérard aboutirent au 14e niveau d’un building, le style avec des étages où on ne peut entrer que si on détient la bonne clé. Gérard et Brigitte se retrouvèrent face à leurs deux initiatrices, celles qui allaient éveiller leurs fibres de chefs. Une fascination esthétique que ce tandem féminin. Des jumelles, sans aucun doute possible. Strictes dans leurs complets veston féminin – pas la gueule du tout à uriner sur le gazon dans une envolée de vessie débridée – qui remettaient les balanciers à l’heure. Brigitte toisa l’une et l’autre ou l’autre et l’une. Elle ne laissa aucune salutation précéder sa première attaque.

– J’ai donc affaire à nos Eveilleuses… Si je ne m’abuse…

– …

– C’est donc de vous que viennent certaines consignes…

– …

– ALORS, DE VOUS DEUX, QUELLE EST LA CONNE QUI M’A COLLEE AUX RH ?! EST-CE QUE J’AI UNE TETE DE RH ? C’EST BIEN UN TRUC DE NANAS MACHISTES ! JE VEUX DE LA BASTON, MOI ! C’EST COMPRIS ? DE LA BASTON GRAVE !

(à suivre…) 

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