MENSONGES D’UNE NUIT D’ETE   Nos personnages principaux passent à la question avec détecteur de mensonges à la clé. Avec deux surprise de taille. TRAPPES ne ménage ni ses rebondissements ni ses lecteurs. Signé Ludovic Dabray ou Joël Cerutti, selon les jours ou les humeurs… 

11.

Quand Léonard devint Si, était-il égoïne?

Un silence. Brigitte resta coite. De surprise. Elle en fronça les sourcils D’étonnement.

– Madame Brigitte Vaucresson, née Duclos, vous pouvez me dire ce que vous faites avec ce noir ? remit sur la table, avant qu’elle ne s’y mette, son interrogateur.

Brigitte souffla un bon coup et renvoya ses mots à l’expéditeur, en poste cinglante.

– A la première partie de votre question, je réponds oui. Je suis bien Brigittte Vaucresson, femme d’Olivier, née Duclos. Pour la seconde, je pense que vous devriez consulter un oculiste. Je suis plutôt sensible aux origines asiatiques de Gérard Pierlot. Qui d’ailleurs a changé de sexe depuis notre rencontre. Savez-vous qu' »il » est née Mathilde Jinping? Les opérations, plutôt périlleuses, ont débouché sur des merveilles. Je tire un coup de chapeau aux chirurgiens !

L’agent la stoppa dans son délire ironique.

– C’est Mme Vaucresson, inutile d’en rajouter trois couches (il se tourna face au miroir sans tain.) Tu as ce qu’il te faut ? (il remit ses narines face à celles de Brigitte). Vous savez comme moi que, dans un interrogatoire de ce type, vous passez immanquablement au détecteur de mensonges. Pour établir nos paramètres, nous devons avoir une affirmation vraie – votre nom et prénom – et une fausse, sur votre amant. Une procédure qui devrait pourtant vous être familière.

– Amant me semble un terme déplacé. Techniquement parlant, il n’y a eu aucune «consommation». Quant à ma connaissance de la «procédure», ce n’est pas la poutre que vous avez dans l’œil mais toute l’arche de Noé !

– Mme Vaucresson, je crois qu’il est temps pour nous de raviver votre mémoire…

Autre part, pas loin, un clone de la pièce où Brigitte, en ce moment, écarquillait ses pupilles. Gérard, seul, égrenait un chapelet de pièces rapportés issues de sa mémoire. Dans ce patchwork, il en puisait du bric, du broc, du n’importe quoi qui occupait sa boîte crânienne… Du genre :

– Je lui fais « Pouet-Pouet »! ell’ me fait « Pouet-Pouet »!On se fait « Pouet-Pouet »! et puis ça y est ! Je souris « Pouet-Pouet »! elle sourit « Pouet-Pouet »! On sourit « Pouet-Pouet »! on s’est compris !

Chanté, dans un administratif bureau quasi monacal, cela avait un côté surréaliste. Sinon, on pouvait se poser de sérieuses questions sur ce répertoire. Comment un quadra, en plein XXIe siècle, pouvait-il connaître quasi par cœur, une chanson de Bourvil sortie bien avant sa naissance ? Le récital fut interrompu par l’entrée de l’ami Grisoune, celui de la pharmacie…

Droit dans ses bottes, l’agent se planta face à son interlocuteur, riva un regard gris (assez monocolore, le gars), et interrogea :

– Monsieur Gérard Pierlot, qu’est-ce que vous faites avec ce crocodile ?

– Je lui fais « Pouet-Pouet »! ell’ me fait « Pouet-Pouet »!On se fait « Pouet-Pouet »! et puis ça y est !

– CELA SUFFIT !!!! Et cessez de penser que je suis un enfoiré atteint de blennorragie, je vous ai DEJA expliqué que cela pouvait se retourner contre vous.

– Pouet-Pouet, je ne peux plus?

– NON !

– Faudrait savoir…

– Répondez à ma question.

– Je m’appelle bien Gérard Pierlot. Et, si le crocodile désigne la femme qui m’accompagne, sachez que j’en ai jamais vu avec d’aussi beaux yeux violets.

Grisoune parla au miroir, si beau miroir, avec le court monologue habituel.

– Tu as ce qu’il te faut ? (revint sur Gérard) Même si cet interrogatoire n’a besoin d’aucune base juridique, je vous informe que, dès à présent, vous êtes soumis à un détecteur de mensonges.

– Avec moi, je me demande à quoi ça va servir.

– C’est notre procédure standard… et je sais très bien où vous vous l’enfoncez sans vaseline et avec des grains de sable. Vous devenez lassant, Monsieur Pierlot, parfois…

– Je vous avais proposé de continuer Pouet Pouet, tant pis pour vous.

– Venons-en au fait… Depuis combien de temps connaissez-vous Brigittte Vaucresson, femme d’Olivier, née Duclos ?

– Je ne l’imaginais pas en Duclos, de son nom de jeune fille… C’est drôle.

– Monsieur Pierlot, nous nous trouvons dans une pièce en dehors de toute loi, de toute juridiction et la beigne pourrait être une opportunité sérieusement envisageable.

– Socialement depuis 5 ans. Presque intimement depuis environ une semaine. Et je le regrette.

– Pourquoi ?

– J’aurais dû la draguer, il y a quatre ans, 11 mois et trois semaines. Jamais je n’aurais pensé qu’un piètre Crisis Conceptor trouverait grâce à ses si beaux yeux.

– J’ai compris et je me passe de la description de la centaine de positions du kamasutra qui vous vient aux lèvres. Monsieur Pierlot, savez-vous que Brigitte Vaucresson a été atteinte de la même maladie orpheline que vous ?

Puisque nous parlons de la dite dame, si nous prenions de ses nouvelles ?

– Madame Vaucresson, vous ne vous rappelez de rien ? siffla le préposé aux points d’interrogation.

– Oui, que mon mari commence à trouver le temps long et qu’il doit remuer toute la galaxie pour me retrouver. Enfin, je pense…

– Ne vous souciez pas de lui, il a été neutralisé.

– Vous entendez quoi par là ?

– Pas grand chose, vous connaissez les termes de la profession.

– MAIS NON !

– Mais si. Mme Vaucresson, savez-vous ce qu’est un agent dormant ?

(à suivre…)

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