COMPLOT Maurice Tornay a-t-il été informé des graves problèmes liés à la garde en cardiologie? Les chiffres semblent tellement énormes qu’il aurait dû agir. Et vite. Du coup, sur le site de l’1dex, un certain « Quidam » évoque une « machination politique » pour « évincer » le Conseiller d’Etat, alors en charge de la santé. Malheureusement, la théorie du complot ne tient pas face aux faits. Etayés. Prouvés. Recoupés.
Le 14 avril à 19 h 15, sur le site de l’1dex, un certain Quidam rédige ceci, en commentaire à l’article de Jean-Claude Pont (http://www.pjinvestigation.ch/?p=3368).
Je suis étonné par les révélations de Monsieur Pont et me pose les questions suivantes:
1) la mortalité des infarctus pris en charge à Sion a presque doublé entre 2006 et 2009. C’est énorme! Est ce que le service de la Santé a fait une enquête?
2) Monsieur Tornay connaissait-il cette évolution dramatique de la mortalité?
3) Monsieur Pont parle d’interventions politiques. Est-ce vrai et si oui pourquoi n’a-t’on pas réagi plus tôt et seulement en 2015 car si mes calculs sont bons une centaine de patients seraient encore vivants?
Ceci ressemble plus à une machination politique destinée à évincer Monsieur Tornay!
Complot? Maurice Tornay ignorait-il ce qui se passait en cardiologie à l’insu de son plein gré? La réplique de Jean-Claude Pont mérite de figurer sur le site de PJ Investigations…
Garde en cardiologie. Réponse à Quidam
- La gravité du problème de la garde en cardiologie a fait l’objet d’une Interpellation urgente du groupe UDC (Bruno Perroud) au Grand Conseil (9 mars 2010,1.065).
- Elle a fait l’objet d’un Postulat urgent du député Franz-Ruppen (4 avril 2010 ; 1.088). Avec à chaque fois un échange entre le Groupe UDC et M. Tornay (alors chef du DFSI).
- Interpellation Addor au Grand Conseil, 17 juin 2011.
- Avec Serge Sierro nous lui avons consacré notre Bulletin d’information numéro 3 intitulé Cardiologie et Indicateurs de qualité (28 avril 2010), que nous avons remis en main propre au Conseiller d’Etat Maurice Tornay par l’intermédiaire de la Chancellerie de l’Etat. A chaque fois nous avons demandé au chef du DFSI une entrevue qui n’a jamais pu avoir lieu. Bulletin d’information no,3:extraits
- Dans mon livre de 2011 Le Réseau Santé Valais dans la Tourmente j’y suis revenu à plusieurs reprises (notamment p. 27, p. 33, 36, 77-79).
- Dans le rapport de la COGEST de 2011 on lit p. 8 : «Les urgences de cardiologie illustrent bien un élément polémique sur lequel le Département devrait se positionner, trancher et, si nécessaire, poser des exigences au RSV».
- L’ADPVal (Association de défense des patients valaisans) a adressé des lettres à M. Tornay lui signalant la gravité du problème de la garde en cardiologie.
- Les cardiologues de la Clinique de Valère, qui avaient exercé cette garde à l’Hôpital de Sion, se sont proposés pour l’effectuer, ils ont été éconduits (mon livre p. 82-83).
- Une séance dirigée par le Conseiller d’Etat Maurice Tornay entre l’Hôpital de Sion et la Clinique de Valère a eu lieu en vue notamment d’établir une entente à propos de la garde en cardiologie. Le cardiologue qui défendait la nécessité d’une garde de proximité s’est vu rire au nez par M. Kleiber, et on s’est arrangé pour faire capoter l’idée. Etaient présents à cette Séance MM. Maurice Tornay, Charles Kleiber, Philippe Eckert (alors directeur médical), Vincent Castagna (alors directeur du CHVS). C’était en avril 2012. Le cardiologue «neutre» qui avait été mandaté pour servir de médiateur (le nom et la position de la personne disent toute l’objectivité des protagonistes liés au DFSI et au RSV !) écrit dans son rapport que le cardiologue X du RSV «n’envisage pas du tout de partager la garde avec les deux cardiologues de la clinique». Et voilà comment l’affaire se règle. On croit rêver, au plutôt cauchemarder !
Après tout ça peut-on dire que M. Tornay n’a pas été informé ?
L’extrême gravité de l’attitude de l’autorité de surveillance, avec à sa tête le Conseiller d’Etat Maurice Tornay, apparaît en pleine lumière dans le tableau suivant venant de l’Office fédéral de la santé publique et publié dans le rapport de la CEP (p. 66).
On y lit que le taux de mortalité dans la garde en cardiologie augmente brusquement à partir de fin 2008 AU MOMENT OU LES DEUX CARDIOLOGUES VALAISANS QUI ASSURAIENT CETTE GARDE QUITTENT L’HÔPITAL. Que nous dit en particulier ce tableau ? Une simple règle de 3 enseigne ceci. Entre 2008 (mortalité 5.1) et 2011 (mortalité 7.4) il y a 2.3 % d’augmentation. Sur 390 cas cela fait environ 8 morts pour l’année 2011, et qui n’auraient pas dû mourir ! Même raisonnement pour les autres années. Sur les 4 années mentionnées on arrive à près de 30 décès qui n’auraient pas eu lieu si les médecins de garde avaient résidé à proximité de l’hôpital.
Pire encore. Le Conseiller d’Etat Maurice Tornay annonçait triomphalement le 28 avril 2010 : «La proportion de décès suite à un infarctus dans les établissements du Centre Hospitalier du Centre du Valais en 2006 est de 3.6%». Dont acte ! Entre les 3.6 % de 2006 et les 7.4 de 2011 l’écart est de 3.8 %. Sur les 390 cas de 2011 ces 3.8 % nous amènent au voisinage de 15 morts, non !
Jean-Claude Pont