BLUES BROTHERS   Drogué de hockey, inconditionnel de motos, Silvio Caldelari gère le  Sierre Blues Festival (VS). Mieux que quiconque, il sait secouer «sa» ville qui en a bien besoin.  Cette année, il chamboule quelques habitudes parce que c’est dans la sienne… d’habitude!

Je m’étais mis dans la tête  un début d’article avec Silvio. Le laisser parler de ses tatouages. Avec ça, on pouvait raconter l’enfance, le hockey et le blues. Ces dessins gravés dans la chair avaient des histoires épidermiques à me raconter. Pas pour rien que mon ami d’enfance en montrait plein plein sur son profil Facebook.  J’avais repéré une toile d’araignée sur son coude. Je me voyais commencer le papier sur le registre: « Il ne veut pas laisser de la poussière s’accumuler sur son CV » ou un truc du style.Vous suivez le raisonnement? L’araignée, la toile, la poussière, les souvenirs… Un truc d’intello, au final. Silvio m’a vite remis au carré. « Le tatouage avec la toile d’araignée? Cela veut dire pilier de bar! »

Filière de l’EPS

Puis il ‘en a montré d’autres  « à l’ancienne », dont un un rendant hommage à une fille, violée à 8 ans et qui s’est suicidée à 16. Puis celui-ci avec « The Crow », en mémoire de Brandon Lee, acteur disparu durant le tournage du film. Commencer un portrait avec ça? J’ai hésité… Cela vous refilait le bourdon dès les premières lignes… Eh puis, non. Et puis pourquoi pas? Avec cette encre ancrée dans sa chair, il y a du rire, des larmes, de la sueur. Cela cadrait avec le patron du « Sierre Blues Festival ».  Cela montrait que Silvio possède un sens aigu de la mémoire – dans la peau – ou de la fidélité. A son passé, à un club, à sa ville. Je détaille.

Comment j’ai réussi ça ? Il faut savoir être patient et motivé envers l’agence du groupe, auprès du band

Toujours son profil Facebook, Silvio Caldelari indique qu’il a suivi la filière de l’EPS. A savoir l’Ecole Primaire de Sierre! Ceux qui le connaissent savent que cette auto-dérision cache une bête, un vrai pro de l’événementiel. A son récent tableau de chasse 2014, il épingle la venue de Gotthard ou Uriah Heep. Dans les éditions précédentes, il s’est offert Texas ou Status Quo.

«Comment j’ai réussi ça ? Il faut savoir être patient et motivé envers l’agence du groupe, auprès du band…»

Ceux qui connaissent Silvio traduisent par :  «Il ne les a pas lâchés avant qu’ils signent !» «Je vends de la passion,  j’ai parlé de Sierre, son accueil, ses montagnes. En fait, ce que font tous les Valaisans»

Sierre comme des Lego

La rage d’organiser le contamine peu après le berceau.  «A 16 ans, j’étais déjà déguisé en clown et soixante gosses me couraient après à la Sympaboum, une fête sierroise. Puis, à 18 ans, il y a eu les premiers concerts gentils mais un peu à la «urfe» et ensuite une concentration de motos montée par le Club 69. Mais tout cela est propre aux Sierrois. Nous savons créer la fête et la faire !»  Et Silvio de citer les événements qui ont marqué les grandes heures de la ville depuis les années huitante: Le Festival du Petit Bois, celui de la Bande Dessinée, Vinea, etc.

Le respect est la seule loi

Trop assagie depuis une décennie, la cité du Soleil aurait tout pour à nouveau briller de mille feux.  «Nous sommes face à une boîte de Lego avec toutes les bonnes pièces en main. A nous de savoir les poser, même si cela ne fonctionne pas toujours du premier coup.»

Parti de rien

On ne peut pas cerner Silvio Caldelari sans l’associer au film «Les Blues Brothers» «Je l’ai vu 52 fois, dont 10 avec ma femme Dominique. Je connais presque toutes les versions, sauf la chinoise », s’amuse-t-il.
Du blues, le virus sierrois, les motos, les tatouages, il ne manque plus qu’un ingrédient pour cerner Silvio Caldelari : le HC Sierre. «Cela a été une drogue», avoue-t-il. Il a très vite dépassé le stade de supporter acharné pour diriger le HC Sierre. Comme président bénévole, il dynamise cette équipe entre 2000 et 2004. «On est parti de rien, on est devenu vice-champion de Suisse…»

Tu mélanges tout et tu pètes !

Professionnellement, il entre comme manager général du LHC, un autre club qu’il porte quelques mois  «à bout de bras». A cette même époque, Silvio gère deux établissements sur Sierre, dont un certain «Blues Bar», en zone industrielle. A trop cumuler, c’est la tête contre le mur et sans casque… «Tu mélanges tout et tu pètes ! Tu paies cash, financièrement, et dans ta santé.» Un scénario qui s’est répété avec la disparition du HC Sierre, qu’il a tenté de sauver avec acharnement et qui avait trop de cadavres financiers dans ses placards.

Des années de folie d’où il émerge conforté dans ses valeurs. «Tu sors d’une certaine naïveté. Il y a un auto-collant sur ma moto qui dit «Le respect est la seule loi». S’il n’y en a pas, c’est la cassure et cela s’arrête très vite avec moi.»

Sourires prioritaires

Voici trois ans, la naissance de la petite Loa a encore renforcé cette certitude.  «Son sourire et celui de ma femme sont prioritaires».  Il n’empêche. Silvio Caldelari entame souvent sa journée à 6 heures du mat pour son «Blues Festival» avant d’embrayer sur son nouveau défi professionnel : responsable des succursales de Sierre (Bringhen) et Sion (Sanibat) au sein du Groupe Bringhen. Et notre frais quinqua d’avouer qu’il se couche vers 2 heures de l’autre matin… Le secrétariat du festival a élu domicile chez Silvio, pour des raisons d’économie. Chaque édition se déroule au fil du rasoir. Celle de 2014 joue de nouvelles dates sur le calendrier et table sur 20 000 entrées.

A un jour de sa sixième, Silvio nourrit des doutes, des craintes, prie pour que… «Mais c’est toujours comme ça…» Sur Facebook, il balance son cri de ralliement:  «Sauf invasion de sauterelles, inondations psychédéliques, envahissement par l’armée européenne décidée d’annexer notre petite patrie, réchauffement intenable de la planète, et j’en passe des bonnes et des meilleures, le SIERRE BLUES FESTIVAL déroulera sa 6ème édition du 9 au 13 juillet 2014. Alors on note. C’est noté ?» Plus que noté: tatoué!

http://www.sierreblues.ch/fr/index.php

Joël Cerutti

Photo: Christophe Losberger

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