Textes de caractères/ Les blogs de Patrick Nordmann et de Joël Cerutti
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Sapinhaut, aux racines de l’underground valaisan
WOODSTOCK A LA VALAISANNE Début des années 70, le festival de Sapinhaut remue la frilosité d’un canton conservateur. En quatre éditions, autant par ses spectacles que ses débats, la contestation a plongé ses racines dans l’underground valaisan. Le documentaire de Pierre-André Thiébaud – « Sapinhaut, une bouffée d’air folk » – ravive le feu d’une époque dont les braises ne sont pas si éteintes que ça. Podcast, galerie de photos, documents, dossiers, entre ce site et un article dans Le Courrier, on vous la joue sur mode « La totale! ».
Pour l’entendre, on l’a entendu le festival de Sapinhaut. Depuis une clairière sur les hauteurs de Saxon, les décibels portaient jusque vers Chamoson ou Martigny. Dans ce paysage – « Beau comme le début du monde » – un son unique, rebondissant sur les parois des montagnes, permettait à la contestation naissante de donner de la voix. Vous allez entendre celle du réalisateur de « Sapinhaut, une bouffé d’air folk », des propos qui complètent ceux imprimés dans Le Courrier (édition du 9 mai 2017).
« Tout ce que j’ai fait dans ma vie vient de l’esprit de Sapinhaut »
Pierre-André Thiébaud, producteur, réalisateur, je le connais depuis le début des années 90, XXe siècle. Cette interview se déroule à Martigny, le vendredi 5 mai 2017, sur la terrasse d’un bistrot en face de la gare. D’emblée, il me confie une clé USB jaune. « Il y a tout dedans, tu peux te servir ». Je m’attendais aux photos du tournage en haute définition. Oui et non. Lorsque je découvre le contenu, les dossiers déversent photos et documents. Tant qu’à faire autant y aller! Sélection.
Deux affiches, deux époques, une même année
L’édition de 1974, la plus médiatisée des quatre. Une affiche dont l’esthétisme est en phase avec son époque.L’affiche du documentaire qui reprend une photo de 1974 avec le groupe Aristide Padygros. Dont un des membres, Gérard Mermet, produit aujourd’hui l’émission « Les Dicodeurs » sur La Première.
Dans la presse underground
Durant Sapinhaut et entre deux éditions, des publications imprimées ou ronéotypées naissent dans le canton. Quelques exemples tirés des archives du journaliste Antoine Gessler.
Le programme traduit également en allemand.Les conseils pratiques pour se rendre à Sapinhaut avec une carte explicative.La carte des lieux.Le Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, lundi 2 septembre 1974
Autour de Sapinhaut, la polémique majeure, rapportée par Le Nouvelliste et Le Confédéré, portait autour d’un public de drogués. La réponse…Exemple de fanzine dans la mouvance de Sapinhaut, édité depuis Sion…Un texte comme qui dirait toujours d’actualité.Un logo qui porte la signature de Bernie Constantin, dit l’Iguane des Alpes, auteur du futur « Switzerland Reggae ». Un esprit mal tourné y verrait plusieurs symboles.A propos de visuel, celui de ce groupe n’est pas mal non plus.
Durant le tournage
Dans le documentaire de Pierre-André Thiébaud, quelques instantanés servis sur un plateau… de tournage.
Gabriel Bender, sociologue, passionné par Sapinhaut, qui déboule entre la fin d’un certain monde agricole et la défiance à Vatican II. « Une mine d’or sur un petit territoire », commente-t-il.A l’époque de Sapinhaut, François Dayer n’est pas rédacteur en chef du Nouvelliste. Le journaliste collabore avec des médias hors canton. « Les archétypes passaient facilement dans les sujets que je proposais alors que la réalité du Valais était beaucoup plus complexe. »Cilette Cretton, enseignante et future présidente du Parti Radical valaisan, défendait l’avortement et se faisait traiter de « tueuse ».Liliane Varone où les débuts du journalisme d’investigation en Valais. « On allait vers la vie réelle. »Daniel Rosselat, papa du Paléo, 1800 spectateurs à sa première édition en 1976. Cette même année, son grand frère valaisan en accueillait 3000. Rosselat ne se rappelle plus s’il est venu ou non une fois à Sapinhaut.François Piot, un des fers de lance de la lutte contre la pollution au fluor en Valais. Les abricots de Saxon lui doivent beaucoup.
Les acteurs de Sapinhaut en 2017
Sapinhaut tenait grâce à l’énergie d’une quarantaine de personnes. En voici quelques-unes…
Bernard Rappaz, plus connu dans en tant que chanvrier ou pour ses grèves de la faim. « Il a été réduit dans les médias à quelque chose de différent que ce qu’il est. On en oublie que c’est un de nos premiers écolos et qu’il a été secrétaire paysan », déplore Pierre-André Thiébaud.Daniel Forclaz et sa femme Françoise. Le couple restaure des meubles avec talent et passion. Il est toujours resté très très curieux de la vie culturelle.Jacky Lagger, aujourd’hui actif, à St-Maurice, au cœur d’un lieu magique, La Bouche Qui Rit. « A l’époque de Sapinhaut, tout le monde a pris feu à cette petite mèche allumée », dit-il. Pour le fun, juste en-dessous, on vous met Jacky Lagger sur la scène du festival…
Richard Robyr… A un moment d’égarement de sa vie, il a été banquier. Parmi les premiers bénévoles de la télévision locale Canal 9, il a par la suite géré Job Transit, un Emmaüs à la valaisanne. Il adore commenter le golf sur divers médias.Margot Schutz, libraire de profession. « Grâce à Sapinhaut, on était connecté avec le monde extérieur. »Henry Follonier, celui qui a épongé les dettes de Sapinhaut en 1976 grâce à un héritage familial. Il se bat pour faire exister, au-dessus de Sierre, un Espace Magie Verte, un lieu d’inspiration pour les artistes.