BANQUE ET JUSTICE MADE IN VALAIS La série des Tifous de Franquin est sur une voie royale. Quand l’ami du célèbre dessinateur, Christian Mauron, revient des Etats-Unis, il a en poche des accords avec la Fox et la Warner. Reste le volet suisse de la production, et c’est là qu’entrent en scène l’affairiste Jean Dorsaz et la Banque Cantonale du Valais (BCVs).
Chapitre quatre – Dans la pétaudière valaisanne
Que vient faire le sulfureux nom de Jean Dorsaz dans Les Tifous ? Christian Mauron souhaite que la production se monte en dehors de la TSR. Il se tourne vers des financiers extérieurs et en 1987, un intermédiaire le branche, sur M. Jean Dorsaz, homme d’affaires et directeur de la BCVs à Fully (Valais, Suisse).
Christian Mauron ignore qu’en faisant confiance à Jean Dorsaz, il a mis les doigts dans un sacré nid de guêpes. Dans un premier temps, comme à son habitude, Jean Dorsaz établit une convention d’accord oral: une tape dans la main et l’affaire est conclue.
Le financier règle les factures de production et autres défraiements. Mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne montre pas une rigueur absolue dans l’échelonnement des paiements.
Racheter les parts
Face à ce problème, le producteur Mauron se voit proposer les bons offices de Paul Dorsaz – avocat/notaire à Conthey (VS) et surtout, frère de Jean Dorsaz ! Ils lui proposent de créer une Société anonyme, « Tifou SA », au capital de 100 000 francs, en parts divisées par moitié, 50% pour chaque sociétaire.
Mais à son retour des Etats-Unis, vu l’intérêt des grands studios américains et les « approximations » de son associé Dorsaz, Christian Mauron lui offre de racheter ses parts. D’autant que France 3 souhaite fermement entrer dans le capital des Tifous.
Le Dorsaz Gate
C’est à ce moment précis qu’éclate l’affaire Dorsaz. Il apparaît au grand jour que notre « banquier » est en faillite frauduleuse et doit des centaines de millions à ses créanciers et notamment à la BCVS, son partenaire privilégié.
Parmi les biens de Jean Dorsaz frappés de faillite, les droits des Tifous. Ils vont servir à cautionner ses pertes, comme le prouve le document suivant : le paragraphe 3 de la convention montre que la BCVs s’empare de tous les droits des Tifous:
Le document en intégralité:
Dans nos éléments de preuve, Christian Mauron revient sur cet épisode fumeux, ECOUTEZ PLUTOT :
Comme vous venez de l’entendre, deux documents sont primordiaux.
1/ La lettre manuscrite de Franquin à Christian Mauron (LA PREUVE: Franquin, lettre de soutien)
2/ Le communiqué de presse de Franquin concernant ses rapports avec Jean Dorsaz. (SON COMMUNIQUE DE PRESSE: Franquin, communiqué de presse).
Petite précision: Dans son interview, Christian Mauron cite le nom de Gérard Sermier. Pour ne pas créer de confusion, ce n’est pas lui qui a suggéré le nom de Paul Dorsaz. Il s’agit d’une autre personne du petit monde médiatique dont la rédaction connaît le nom…
Et si vous voulez comprendre quelque chose à l’Affaire Dorsaz, ce Temps Présent de 1997: https://www.rts.ch/archives/tv/information/temps-present/8294938-l-affaire-dorsaz.html
Chapitre cinq – Une « justice » peu instruite
Sur le plan judiciaire, l’affaire des Tifous va sombrer dans un méli-mélo digne de tous les égarements dont sont capables nos institutions bornées et procédurières.
Le contentieux, portant sur la propriété des droits qui opposent Christian Mauron à la BCVs, est instruit par le juge Michel Dupuis de Monthey (VS). Ce magistrat va réapparaître de manière « curieuse » dans ce dossier. On jugera plus tard de son action, tout en notant que lors de son départ à la retraite en 2011, l’Etat valaisan glorifiait « son esprit critique et indépendant. » Et l’on constatera que « cet esprit critique et cette indépendance » sont tout relatifs dans l’affaire des Tifous.
Sans doute « mandaté » par la Banque valaisanne, le « juge » Dupuis va se balader au MIP de Cannes, (Marché International des contenus audiovisuels) pour voir comment « gérer » la future manne des Tifous, sans en voir parlé à Christian Mouron ! Comme le précise ce dernier dans notre interview à suivre: « Ce séjour aurait été des plus agréables ! »
Ce même juge se rendra à titre « privé » à Bruxelles pour tenter à nouveau d’écarter Mauron de l’éventuelle production des Tifous. Et dans cadre-là, le juge sera coincé par une histoire de machine à écrire, suspectée d’être celle du tribunal, utilisée lors de l’envoi d’une lettre de dénigrement en Belgique. Confondu, le juge a proposé « la moitié de son salaire en guise de dédommagements ! » Comme on le devine, les plaintes déposées par Christian Mauron et un avocat de Monthey auprès de la Justice valaisanne ne seront jamais instruites.
LE TEMOIGNAGE DE CHRISTIAN MAURON:
Tout ce maelström juridico-artistico-financier n’a qu’une conséquence : Les Tifous de Franquin sont au point mort !
Pour s’y retrouver Christian Mauron a établi une chronologie précise des événements en ressortant les centaines de lettres écrites aux autorités valaisannes, restées toutes sans réponse, y compris celle envoyée il y a maintenant 20 ans au Conseiller d’Etat, Wilheim Schnyder :
Outre les plaintes, les négociations et autres démarches, Christian Mauron a tenté de faire bouger l’opinion publique et les médias lors de plusieurs conférences de presse. Voici une synthèse de tous les événements remise en 1998 aux journalistes:
Nous en sommes là dans ce nœud de vipère. Reste à savoir où sont les véritables coupables de ce désastre et pourquoi aucun accord de production efficace n’a jamais pu être trouvé ?
C’est ce que vous apprendrez dans notre troisième article dans lequel la production de documents, jusque là jamais publiés,
nous éclairera sur cette sinistre farce.
Y a-t-il, dans le futur, encore une chance de sauver les Tifous de Franquin ?
LA SUITE AU PROCHAIN EPISODE
Textes, photos, enregistrements, mise en scène: Joël Cerutti
Interview et textes: Patrick Nordmann
Documents: fournis par Christian Mauron