DURANT L’APOCALYPSE, LE BAR RESTE OUVERT (chronique) J’avais arrêté de croire en la réponse du Service de renseignements de la Confédération (SRC) comme au Père Noël. Aujourd’hui, le cadeau est arrivé dans la boîte aux lettres. Que dalle, ils n’ont que du néant dans mon dossier. Cela me déçoit et m’inquiète. Pour mon pays.
L’espoir est un immense ingrat (http://www.pjinvestigation.ch/?p=7917) Tu le nourris secrètement et il finit par te vomir son indifférence. En ce fatal 22 décembre 2016, je découvre que je n’intéresse pas le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Pierre-Yves Huguenin, conseiller à la protection des données, m’écrit : « Nous pouvons vous communiquer qu’au moment de votre demande, aucune donnée personnelle vous concernant n’était enregistrée dans les banques de données du SRC. Veuillez agréer, monsieur, nos salutations les meilleures. » Tu parles d’un cadeau de Noël ! Cela m’offre une raison supplémentaire de conspuer avec la dernière des énergies cette période. Je me voyais pisté comme activiste anarchiste, même léger. Cette lettre me renvoie au stade de chihuahua à la petite chagnotte rebelle. Aboie, mon gars, il n’en restera toujours rien.
Cette indifférence administrative concerne mon papa, Gustave, très « déçu », lui aussi, de son côté de ne pas figurer dans le collimateur du SRC. Un néant désertique définit la famille Cerutti, jusqu’à décembre 2016.
Dans un premier temps, je ne te cache rien, je me mets à poil (même s’il n’y a pas beaucoup de système velu sur la bête), je me suis demandé ce qu’il leur fallait. Mon père, hein, il a refusé de se marier à l’église en 1963, un curé de l’époque l’a EXCOMMUNIE lui et ma maman. Il appartient au Collège de ‘Pataphysique, dont il est Commandeur Exquis de l’Ordre de la Grande Gidouille. Naguère, il avait été convoqué par son chef, aux Services Industriels de Sierre, pour savoir s’il appartenait à une secte ! Pour ne rien arranger, il s’est abonné à des revues communistes chinoises, il en découpait les images et les détournait en des collages blasphématoires. Il a reçu, en 2006, le premier Prix Culturel de la Ville de Sierre qu’il a restitué avec fracas médiatique deux ans plus tard. Et je ne vous dis pas tout !
De mon côté, j’ai des centaines de fois – au moins – mis en doute la sincérité de nos autorités. PJ Investigations a publié 610 articles depuis trois ans, la grande majorité conspue les institutions. J’ai péché sans aucune omission sur papier et sur internet. Encore hier, un membre de l’ASIN, via Facebook, a mis en doute mes qualités professionnelles. Pareil sur le site des observateurs.ch! Après des dizaines et des dizaines de charge sur le Réseau Santé Valais, un élu du Haut Plateau m’a qualifié de cancrelat. Personne ne peut rien ignorer de mes liens de sympathies avec Narcisse Praz, de mon admiration sans borne pour Hara-Kiri et Charlie Hebdo première génération. J’ai reçu recommandé sur recommandé des instances judiciaires vaudoises, genevoises, valaisannes. Je m’en suis tapé des séances devant des juges, avec des avocats si tièdes à mouiller leurs robes et si prompt à expédier des chaudes factures.
Dans de grands mea culpa, j’ai décidé de ne boire que les jours impairs en cas de pollution aux particules fines. J’ai emprunté le labyrinthe de Via Secura et suis à pied depuis de longs mois. Je ne me flatte pas de ce pedigree, entendons-nous bien ! Cela devrait, bon dieu, quand même suffire pour une petite puce à l’oreille du SRC ! Je ne cache RIEN de mes opinions, de mes rejets, de mes suspicions.
Tu me googelises, tu me cherches, tu me trouves.
Ben, non, non et toujours non, tu ne le crois pas, je suis un bon patriote, aux yeux du SRC. Ils ont bossé comment?! J’ai dû être le fusilier de montagne le plus lamentable de l’histoire militaire du Valais. Cette déception bue – malgré une date paire, je sais – je me sens inquiet pour notre sécurité nationale. Mon père, ma pomme – pétris de mauvaises intentions anticonformistes dans un pétrin au-dessus duquel flotte un drapeau noir – sommes passés en dessous des radars. Tu l’as compris, NOUS NE SOMMES EN RIEN DES BONS CITOYENS, je le répète haut et fort.
Qu’en est-il des gars discrets, des comploteurs qui ne communiquent que sur le darknet, des tarés qui, eux, passent aux actes violents pour te couler en miettes sanguinolentes dans leur moule de pensées arriérées ? Si ma famille, nous nous sommes glissés entre les mailles du SRC, je pense avec terreur de l’amateurisme qui doit régner pour le reste (j’exagère mais je finirai par y arriver, dans les petits papiers du SRC).
Allez ! Je te quitte. J’ai été chercher ma carte d’identité et je vais l’abandonner dans un camion ou au milieu des débris d’un immeuble. Il paraît qu’après, ils sont TRÈS forts pour te ficher et te retrouver.
Joël Cerutti