LIBRE PENSEE Narcisse Praz nous demande, ce samedi 24 janvier 2015, de l’accompagner à la remise du Prix de La Libre Pensée 2014. Une cérémonie – sans tapage – qui se déroule à Viège. Pour l’occasion, le lauréat rédige un texte de remerciements. Qu’il survole et résume lorsqu’il s’agit de prendre la parole. Le voici en intégralité. Toujours en regard du 7 janvier, il prend encore plus de signification.
Liberté, lucidité, laïcité
Chers amis libres penseurs ! C’est avec bonheur que j’accepte ce Prix dont m’honore la Section valaisanne de l’Association suisse de la Libre pensée. Je l’en remercie de tout cœur. Je m’autorise à le considérer comme une récompense pour ma collaboration inégale au journal Le Libre Penseur et, peut-être aussi, pour ma participation au lancement de l’Initiative populaire cantonale valaisanne pour un Etat laïque. J’en profite pour rendre mon modeste hommage à l’œuvre de la Libre pensée dans son combat contre l’ignorantisme et la crédulité qui, hélas, régissent encore les mœurs d’une part importante sinon majeure de l’humanité.
Le « croire » et le « savoir »
Nous, Libres penseurs, ne sommes détenteurs d’aucune Vérité et nous n’en propageons aucune. Notre combat est celui de pure Résistance contre les abus qui sont faits précisément de prétendues vérités qui ne sont qu’autant de mensonges éhontés mais jamais désintéressés de la part des défenseurs de croyances plus ou moins malignes, plus ou moins subtiles ou grossières. Elles sont abondamment répandues à travers le monde et amplement confortées par nos médias publics, presse, radios, télévisions qui leur réservent un accueil toujours indu puisque contraires à la Laïcité dont nous nous réclamons.
Le libre penseur subordonne le croire au savoir.
Notre référence philosophique est celle du Doute et du Scepticisme. Le libre penseur subordonne le croire au savoir. Il se distingue en cela des détenteurs de vérités contestables et à jamais improuvées puisque improuvables. Faut-il rappeler à ce propos le douloureux reniement auquel fut condamné pour sauver sa vie un certain Galileo Galilei promis au bûcher pour avoir refusé de faire de la Terre le centre de l’Univers dont l’Eglise catholique avait fait son Credo ? Eppur si muove ! Et pourtant elle tourne ! Sinistre consolation face à l’impitoyable Inquisition.
Est-ce présomption de notre part que de faire de Galileo Galilei le premier Libre penseur ?
Est-ce présomption de notre part que de faire de Galileo Galilei le premier Libre penseur ? Comme nous tous, n’est-il pas le symbole même de la Résignation à laquelle nous condamne l’arrogance des détenteurs de prétendues Vérités ? Galileo Galilei, détenteur, lui, d’un Savoir valant vérité scientifique, a refusé le martyre au nom de ce qui se révéla plus tard vérité incontestable et prouvée. Il rejoint en cela notre ami libertaire Georges Brassens chantant « Mourir pour des idées, oui, mais de mort lente, mais de mort lente… »
Ceux d’en face, les fous de Dieu, eux, se font une gloire de mourir en martyrs pour leur croyance qui demeurera à jamais une croyance et rien qu’une croyance avec une espérance de récompense dans un paradis imaginaire. Merci donc au grand Monsieur Galileo Galilei pour cet exemple de comportement intelligent face à l’ignorantisme obtus et doctrinaire.
Comment naissent les dieux ?
Le Doute et le Scepticisme face aux prétendues vérités assenées par prêtres, grands-prêtres et autres gourous, ne fut pas l’apanage exclusif des penseurs de la Grèce antique. Les poètes eux-mêmes comptent parmi eux, outre Voltaire, des esprits éclairés qui se sont interrogés sur leur propre rôle dans l’univers. En voici un exemple en la personne de l’écrivain Gérard de Nercal (1808-1855) qui, dans un poème, célèbre son panthéisme jubilatoire :
Homme ! Libre penseur, te crois-tu seul pensant ?
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’Univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la nature éclose.
Un mystère d’amour dans le métal repose.
Tout est sensible. Et tout, sur ton être, est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie.
A la matière même un verbe est attaché.
Ne la fais pas servir à un usage impie.
Souvent, dans l’être obscur habite un dieu caché.
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres.
Sublime proclamation de panthéisme de la part d’un homme hanté par ses interrogations qui l’ont conduit plus souvent qu’à son tour en hôpital psychiatrique mais qui nous valent aujourd’hui encore la survie de ce poème qui nous cite et nous prend à partie, nous Libres penseurs.
Puisque de psychiatrie il est question, voyons le rapport entre cette néo-science et la naissance des dieux, puis leur métamorphose en un dieu unique. Invitons dans le débat le Manuel de Psychiatrie publié par les Presses universitaires de France auquel ont collaboré plus de 100 professeurs d’université et Maîtres de recherches du Centre National de Recherche Scientifique (C.N.R.S. ) de France. Au chapitre consacré à la folie mystique découvrons la définition de la « Paraphrénie » sommairement ainsi résumée : « Trouble mental caractérisé par un délire paranoïaque avec ou sans hallucinations. »
Dépassé par la puissance destructrice et le vacarme de la foudre, l’homo sapiens lui attribue une origine surnaturelle.
Mais quel rapport y aurait-il entre paraphrénie et naissance des dieux, puis du dieu unique ? Imaginons l’homme primitif confronté aux phénomènes naturels. Dépassé par la puissance destructrice et le vacarme de la foudre, l’homo sapiens lui attribue une origine surnaturelle. Ainsi surgit l’une des premières manifestations de paraphrénie. Le processus ainsi lancé ne connaîtra plus aucune limite. Les dieux vont se multiplier et se démultiplier par milliers au fur et à mesure que se déchaîne l’imagination humaine livrée aux inspirations fulgurantes de gourous qui en tirent prestige et avantages matériels en s’autoproclamant hommes du Savoir, alors qu’ils ne sont qu’agents troubles du Croire.
Ainsi naissent les dieux, fruits de la paraphrénie qui caractérise le monde grégaire abusivement autoproclamé homo sapiens.
Bientôt détenteurs de ce pouvoir sans partage, prêtres et gourous, bientôt uniques détenteurs de l’art suprême de l’Ecriture, vont faire de leurs dieux imaginaires, autrement dit de leurs mythes, les personnages idéaux de leurs romans. Ceux-ci s’intituleront tour à tour, ici l’Enéïde, l’Odyssée, là la Bible et la Thora. Le personnage premier de ces œuvres romanesques s’appellera successivement Zeus, puis Yahvé l’Eternel, puis Christ fils du précédent, puis Allah. Et pour parachever l’ouvrage, le voici aujourd’hui, trois mille ans plus tard, régnant sur le monde sous appellation de La Phynance, dieu tout aussi incontrôlable mais non moins puissant.
Les dieux des anciennes mythologies, égyptienne, grecque, romaine et autres sont morts.
Ainsi naissent les dieux, fruits de la paraphrénie qui caractérise le monde grégaire abusivement autoproclamé homo sapiens. Car sapiens, c’est-à-dire l’homme conscient, il ne l’est que par autosuggestion, car l’unique savoir dont il peut se prévaloir est celui … de ne rien savoir. Mais cela n’empêche pas prêtres, grands-prêtres, rabbins, imams, ayatollahs, papes, popes et leurs gourous de s’autoproclamer détenteurs du Savoir et donc de la Vérité. A chacun d’eux son prétendu Savoir, à chacun d’eux sa Vérité.
Les dieux des anciennes mythologies, égyptienne, grecque, romaine et autres sont morts. Ainsi mourra le dieu unique objet du culte des trois monothéismes conquérants et sanguinaires, le judaïsme, le christianisme, l’islam.
Ailleurs Juifs et Musulmans s’entre-tuent à longueur d’années pour la possession d’une Terre prétendument promise par Yahvé aux uns, par le Prophète d’Allah aux autres.
N’en demeure pas moins consternant pour nous, libres penseurs, agnostiques, athées et autres incroyants plus ou moins résignés à la façon de Galileo Galilei, le spectacle navrant des manifestations ostentatoires de la Folie Mystique célébrée comme normalité par les télévisions du monde entier. Là-bas, 6 millions de Philippins s’agenouillant, sur ordre de l’homme de la Révélation d’un dieu qui n’est autre, dans la réalité, qu’un personnage de fiction romanesque, Bible et Evangiles, et appelé Dieu. Ailleurs Juifs et Musulmans s’entre-tuent à longueur d’années pour la possession d’une Terre prétendument promise par Yahvé aux uns, par le Prophète d’Allah aux autres. Il y a quarante ans à peine, au nom de cette Terre promise, n’a-t-on pas vu les tenants du culte de ce même Yahvé occuper massivement cette Terre promise, en expulser les occupants adeptes du culte d’Allah, les condamnant à vivre dans de vrais camps de concentration dans un pays étranger ? Et, pour mieux asseoir leur hégémonie sur toute la région, les nouveaux maîtres de la Terre Promise ont réussi –si l’on peut dire – l’exploit de charger les milices chrétiennes du Liban de procéder à de véritables tueries dans les camps de Sabra et de Chatila abritant des milliers de réfugiés palestiniens ? Voici réunis pour la circonstance les tueurs chrétiens trucidant du musulman pour le compte des tenants du judaïsme ! Un chef-d’œuvre devant l’Histoire !
Ailleurs encore, des gourous appelés imams intoxiquent de malheureux gamins et adolescents à coups de promesses fallacieuses.
Ailleurs encore, des gourous appelés imams intoxiquent de malheureux gamins et adolescents à coups de promesses fallacieuses. Et cela au point de les persuader qu’en allant se faire exploser au milieu de foules adeptes de Yahvé et en tuant un maximum d’infidèles ils deviendront des martyrs d’Allah qui les attendra en son Paradis et les récompensera de 70 vierges livrées à leur concupiscence animale.
Ici, plus près de nous, deux abrutis incultes, manipulés par des gourous barbares, se livrent à un massacre bestial digne d’un abattoir sur des journalistes irrespectueux des croyances des fous d’Allah et de son Prophète. Dans le même temps, non loin de là, un autre crétin islamiste fanatique massacre de banals clients d’une épicerie dite cacher, c’est-à-dire juive.
Brillant, subliminal résultat de trois mille ans de monothéisme déjà illustré par Croisades, Inquisition, guerres intestines entre croyants d’un même dieu.
Brillant, subliminal résultat de trois mille ans de monothéisme déjà illustré par Croisades, Inquisition, guerres intestines entre croyants d’un même dieu, conquêtes sanguinaires et génocides. Tout cela au nom d’un même dieu qui n’est autre qu’un Mythe, un personnage imaginaire inventé par les auteurs des trois œuvres romanesques respectivement intitulées Bible, Thora, Evangiles et Coran. Et c’est à ce personnage imaginaire que par millions les croyants des trois religions monothéistes rendent un culte aveugle et irrationnel et frappé au sceau de la démence sous appellation de Folie Mystique paraphrénique.
A quoi servent les dieux ?
A quoi a servi le dieu unique inventé en Egypte sous appellation de Râ ? A rendre hommage au Soleil ? A quoi sert le dieu unique des Hébreux copié sur le modèle égyptien mais avec la subtile précaution de le rendre invisible et incontrôlable ? A établir d’abord le prestige et l’autorité morale qui en découle pour ses prêtres, grands-prêtres, pasteurs et autres prêcheurs et prédicateurs grandiloquents. De cette autorité morale découle à son tour l’hégémonie intellectuelle et… financière entourant ce prestige. Avec pour arme suprême un terrorisme intellectuel qui se traduit par la menace d’une éternité de malheur dans les enfers pour les mauvais croyants, renégats et autres apostats et récompense non moins éternelle pour les fidèles dans un paradis tout autant imaginaire que le dieu qui y règne en monarque absolu, entouré d’autres créatures issues de l’imaginaire des romanciers imposteurs auteurs des trois romans à thèse que sont Bible, Thora, Evangiles et Coran.
Une Bernadette Soubirous aurait eu droit à l’apparition d’une bonne femme ayant peut-être vécu deux mille ans auparavant.
Pour parvenir à leurs fins, prêtres, gourous, rabbins et ayatollahs n’hésitent pas à se réclamer de prophètes mis au bénéfice d’un phénomène surnaturel appelé Révélation. Ainsi en fut-il des héros bibliques appelés Abraham ou Jérémie, de l’apôtre Paul de Thrace le vrai fondateur du christianisme, foudroyé par la Révélation sur le chemin de Damas et tombant de cheval (sur la tête ?) et nanti d’une mission divine, de Mahomet qui, en pleine période de jeûne et en plein désert, aurait reçu la visite de l’ange Gabriel, autre figure née de l’imaginaire romanesque des auteurs des livres dits sacrés.
Mais il y a mieux – ou pis – encore. Une Jeanne d’Arc devenue sainte dans la hiérarchie catholique et qui aurait distingué la voix de saint Michel parmi tous ses désordres psychiatriques lui dictant l’ordre de bouter l’Anglais hors de France. Une Bernadette Soubirous aurait eu droit à l’apparition d’une bonne femme ayant peut-être vécu deux mille ans auparavant et qui, en patois béarnais, lui aurait dit : « Je suis l’immaculée conception ». La même bonne femme, ressuscitée après 2000 ans et plus, serait apparue en différents autres endroits à des jeunes bergers illettrés, à Fatima, pour leur annoncer des événements dont l’authenticité ne sera vérifiée qu’après mais jamais avant leur avènement.
Mais en fait de Révélations, la maladie s’est généralisée jusque chez nous, en Valais.
La Révélation divine a également frappé l’écrivain Paul Claudel, égaré dans une cathédrale et, embusqué derrière une colonne, lui intimant l’ordre de se convertir non point au christianisme en général mais au catholicisme. Hasard ou nécessité ? Il se trouve que le dit écrivain et accessoirement fonctionnaire diplomate nourrissait l’ambition d’accéder à l’Académie française. Or, qui étaient les académiciens de l’époque ? Pour la majorité, des rescapés des collèges et universités catholiques tenus par l’ordre des Jésuites. La Révélation a payé : les académiciens majoritairement catholiques formés par les Jésuites l’ont accueilli parmi eux. En gage de reconnaissance, le nouvel académicien accoucha d’une pièce de théâtre intitulée « L’annonce faite à Marie » et de quelques autres chefs-d’œuvre. Le jeu de la conversion valait bien sa chandelle.
Mais en fait de Révélations, la maladie s’est généralisée jusque chez nous, en Valais. Ainsi ai-je personnellement connu le cas de ce berger d’alpage qui, un jour, tout là-haut, entendit une voix de surnaturelle et céleste origine lui intimer l’ordre de se rendre séance tenante au couvent des Pères capucins de Sion. Ce qu’il fut sur-le-champ. Il n’en ressortira qu’après avoir revêtu la bure des pères capucins, (mal)sains de corps et d’esprit portant sur leur sein le seing du Saint-Père.
Est-il donc si difficile de s’accepter mortel et rien que mortel ?
Mais pourquoi et pour quoi pareil triomphe de la paraphrénie ambiante planétaire ? Est-il donc si difficile de s’accepter mortel et rien que mortel ? L’homo sapiens est-il donc incapable de vivre sans la perspective d’une vie après sa mort ? Que n’aura-t-on pas inventé pour en finir avec cette inéluctable fatalité ? Ici et là un Paradis peuplé d’êtres imaginaires et bienveillants ou, au choix, un enfer castrateur et tortionnaire, ailleurs la réincarnation perpétuelle jusqu’à l’accession finale à un Nirvana tout aussi imaginaire que le Paradis monothéiste. Ma mort, toujours la mort inéluctable et fatale. Perspective insupportable pour l’être fragile et vulnérable autoproclamé sapiens. Y échappe, au grand profit de son besoin de profiter de l’instant présent et fugace, le Libre Penseur.
Dieu n’est donc qu’une fiction romanesque.
Car il a pris conscience, lui du fait indiscutable, lui, que tous les dieux des mythologies anciennes comme le dieu unique de la mythologie judéo-islamo-chrétienne, n’ont jamais été, ne sont ni ne seront jamais autre chose que des mythes romanesques, des personnages inventés de toute absence de pièces par l’imaginaire des auteurs de fictions, au même titre que le Don Quichotte de Cervantès, le Jean Valjean de Victor Hugo, le comte de Montecristo de Dumas ou l’Arsène Lupin de Maurice Leblanc. Dieu n’est donc qu’une fiction romanesque.
A ce rythme, l’humanité a encore bien du souci à se faire.
Reste la question : mais pourquoi diable les croyants mettent-ils tant de zèle sanguinaire à vouloir imposer leurs théories idiotes à la planète entière ? La réponse ne serait-elle pas dans une autre question : ne serait-ce pas la loi du plus grand nombre qui fait la normalité ? Est réputé normal l’individu qui se conforme aux mœurs du plus grand nombre et anormal celui qui s’en distancie. En découle la nécessité absolue de convertir l’humanité entière à la croyance qui dispose de la plus efficace force de frappe. En découlent Croisades, colonisation, conquêtes et anéantissement des croyances dissidentes jusqu’au dernier survivant. Et que triomphe le mythe final ! A ce rythme, l’humanité a encore bien du souci à se faire.
Quant à nous autres, libres penseurs, rationalistes, agnostiques résignés et autres athées, nous voici cantonnés dans notre statut de Résistants face à l’hystérie mystique islamo-judeo-chrétienne en voie de perpétuelle expansion. Et la seule arme dont nous disposons se décline et se conjugue en trois mots : liberté, lucidité, laïcité !
Et, dans l’immédiat, que vive et survive notre INITIATIVE POPULAIRE CANTONALE VALAISANNE POUR UN ETAT LAÏQUE.
Narcisse Praz
En voilà un qui a reçu la révélation! vu le melting pot…