TUNNEL DE SIERRE « Le mouvement de volant du chauffeur de bus ayant entraîné la collision a été effectué consciemment » (Rapport du bureau IFS)
C’est la conclusion de la reconstitution de l’accident du car belge dans le tunnel de Sierre en 2012. Ce constat a été effectué cette semaine par le bureau d’enquêtes forensiques IFS (Independant Forensic Services) à la demande de 14 familles des victimes de l’accident.
Cet acte «délibéré» du chauffeur renforcerait l’hypothèse du suicide du chauffeur. Notons que cette reconstitution a été effectuée aux Pays –Bas dans un tunnel qui n’a pas les mêmes caractéristiques que celui de Sierre et avec un car d’une autre catégorie que celui impliqué dans l’accident…
Marquage contraire
Qu’importe. Ce qui est plus grave c’est que personne ne tient compte de notre enquête qui démontre que le chauffeur a été trompé par une signalisation dangereuse dans le tunnel et un marquage au sol totalement contraire aux normes légales.
http://www.pjinvestigation.ch/fr/?p=113
Notre travail qui reste la seule raison plausible de l’accident a été systématiquement contrarié :
1) Par la Justice valaisanne et son procureur général adjoint Olivier Elsig. Il vient de clore le dossier le 30 juin 2014 et refuse d’examiner la reconstitution de l’institut hollandais IFS au prétexte que «cette reconstitution est une démarche privée des familles».
2) Par le défenseur des 14 familles de victimes qui n’a jamais réagi à nos articles, tant il veut démontrer que le chauffeur de 34 ans a voulu se suicider, entraînant dans la mort 28 personnes.
3) Par le canton du Valais et surtout l’Office fédéral des routes (OFROU) , responsable de la sécurité des autoroutes suisses, qui ne veut pas admettre que le marquage dans le tunnel de Sierre est totalement illégal depuis que ce tronçon est devenu autoroutier dans les années 90 et que le panneau de signalisation bleu indiquant la prochaine sortie «Sierre Ouest» est de nature à tromper un chauffeur européen, habitué à la couleur bleue pour indiquer la direction d’une autoroute.
4) Par les médias qui, à part L’Hebdo, n’ont jamais voulu relayer la suite de notre enquête au prétexte «qu’on en a déjà parlé» !
Méprise tragique
Pour PJ Investigations (et nous sommes prêts à déposer une plainte pénale pour mise en danger de la vie d’autrui auprès du Ministère public fédéral), l’affaire est claire. Le chauffeur du car belge n’a en aucune façon voulu se suicider. Si telle avait été son intention, il aurait choisi la première niche, plus longue et dont le mur d’arrêt à angle droit est beaucoup plus visible.
Ce qui s’est passé, sans plus beaucoup de doute, en ce 13 mars 2012 vers 21h est le fruit d’une méprise tragique d’un chauffeur belge qui voulait bien faire. Il venait de remplacer son collègue, plus âgé, qui avait effectué la descente depuis Saint-Luc (VS).
Le chauffeur du car belge n’a en aucune façon voulu se suicider.
Prenant l’autoroute à Sierre-Est, le jeune chauffeur de 34 ans est entré dans le tunnel de Sierre. Il est passé devant la première niche marquée (contrairement à la loi) par une ligne blanche discontinue (marque des «voies lentes» dans la législation européenne). Aujourd’hui, cette ligne est continue…
Sans doute déjà troublé par cette «anomalie», il est passé sous le panneau bleu indiquant « Sierre-Ouest », accompagné d’une flèche noire indiquant de prendre à droite.
Entre ce panneau et le début de la niche fatale, il n’y a que 3 secondes à 100 km/h. (Voir notre vidéo – au sommet de l’article – qui vous montre le parcours du bus depuis son entrée sur l’autoroute jusqu’à la niche du tragique accident).
Il n’a donc sans doute jamais vu qu’il était entré dans un mur, au surplus mal éclairé.
Trompé par la couleur bleue du panneau (qui indique les autoroutes dans toute l’Europe, sauf la Suisse !), il a commencé à serrer à droite. En apercevant la niche, trois secondes plus tard, il s’y est engagé. Un choc contre le mur d’entrée, avéré par les rescapés, l’a sans doute surpris et il a jeté un coup d’œil dans ses rétroviseurs. Il n’a donc sans doute jamais vu qu’il était entré dans un mur, au surplus mal éclairé.
Ce que nous dénonçons, c’est que cette très haute probabilité n’a jamais été envisagée par la Justice valaisanne et par l’OFROU par crainte d’avoir à assumer des responsabilités dans ce drame.
C’est tout simplement une honte pour notre pays.
Patrick Nordmann