PEDALAGE DANS LA CHOUCROUTE Le dr K. souhaite bonne chance aux citoyens, aux réseaux sociaux, aux blogs pour contrer la puissance des Gouverneurs. Pour lui, la Démocratie est une douce illusion qui fait pédaler toute volonté de changements dans la choucroute. Avec tout le pognon investi, il n’est pas question de partager le moindre centime aux gueux…
Au final, même les révélations du Temps sur les réseaux politiques valaisans et les reportages de la RTS n’ont pas eu véritablement d’impact. C’était un bon stress test. Cela m’a rappelé l’interview de Patrick Le Lay, PDG de TF1 qui affirmait :
« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…).«
Les sites comme l’1Dex ou Infosperber (*) ont une visibilité limitée et prêchent des convaincus sans véritables moyens d’action. C., mon collègue politicien, m’a d’ailleurs transmis un extrait de l’1Dex qui m’a bien fait rire :
“C’est pourquoi nous exigeons, pour la crédibilité de tout le système politique valaisan, que les membres du Conseil d’Etat dévoilent publiquement, d’une manière complète et transparente, les montants reçus lors de toutes leurs campagnes au Conseil d’Etat.”
A moins d’une haute trahison, ceci n’arrivera jamais. Il y a trop d’enjeux. Aucun politicien ne peut survivre à cet exercice, pas même Sarkozy.
Le meilleur garant de notre impunité: un cerveau saturé est un cerveau inoffensif.
On va donc continuer de lire des infos sur la Palestine, sur l’Irak, sur la Foire du Valais, sur les vaches d’Hérens, sur les initiatives UDC. On va continuer de distiller une dose de conditionnement quotidien et de surcharger les citoyens d’informations, afin d’éviter qu’ils ne pensent par eux-mêmes, parce que c’est le meilleur garant de notre impunité: un cerveau saturé est un cerveau inoffensif.
Le pouvoir apparent des citoyens
Gouverner c’est faire croire aux citoyens qu’ils ont leur mot à dire, et croyez-moi, on ne s’en lasse jamais. L’article premier de la Constitution cantonale contribue à rendre cette légende vivante :
«La souveraineté réside dans le peuple. Elle est exercée, directement par les électeurs et indirectement par les autorités constituées.»
C’est beau, ça donne envie d’y croire. C’est du marketing d’il y a deux siècles et ça fonctionne encore.
En vérité je vous le dis, le rôle du citoyen-électeur se limite à choisir parmi les candidats présélectionnés par les partis.
En vérité je vous le dis, le rôle du citoyen-électeur se limite à choisir parmi les candidats présélectionnés par les partis. Il aura vu les favoris sur les affiches et dans les médias, il saura donc pour qui il doit voter, pour voter juste.
Le citoyen engagé pourra s’agiter sur les blogs et les réseaux sociaux et lancer de vaines pétitions. Il pourra signer des initiatives inapplicables pour davantage de justice sociale, pour des revenus plus justes alors que tout le droit fiscal est rédigé par nos soins.
Le citoyen lucide découvrira le principe physique de la courroie de transmission molle.
Le citoyen lucide découvrira le principe physique de la courroie de transmission molle qu’on connaît davantage sous son nom populaire de “pédalage dans la choucroute”. Imaginez par exemple qu’il veuille agir sur les FMV ou sur le RSV ou obtenir des informations précises sur les comptes. Il devra contacter un député qui fera dans le meilleur des cas une question écrite au Conseil d’Etat qui choisira éventuellement de se renseigner pour y apporter une réponse plus ou moins floue dans un délai plus ou moins long. Ou alors il fera appel à l’administration qui rejettera sa demande en invoquant le secret administratif, malgré la loi sur la transparence. D’ailleurs, la dénomination de cette loi en Valais annonce déjà la couleur aux téméraires : “Loi sur l’information, la protection des données et l’archivage”. Le préposé à la protection des données vous répondra volontiers “non”.
Il sera dans la commission de la culture ou du jumelage et il passera quatre ans à se battre contre nos forces invisibles et puissantes.
Le citoyen pourra toujours essayer de se faire élire dans un législatif ou un exécutif, mais il déchantera vite : il sera dans la commission de la culture ou du jumelage et il passera quatre ans à se battre contre nos forces invisibles et puissantes.
Nous avons mis beaucoup d’énergie pour accéder au pouvoir, il n’est pas question maintenant de le partager. Les Gouverneurs ne font pas de concessions.
(à suivre)
(*) Note de PJ Investigations: Le dr K. aurait pu ajouter notre site sur sa liste. Donc on le fait via cette note…