MEDIA PAS POUR LA MASSE   La série «The Newsroom» porte un regard aigu sur le monde du journalisme. L’actualité de ces derniers jours incite à la voir ou la revoir d’urgence.

Première saison, épisode 3 de la trop méconnue série «The Newsroom» (2012). Face caméra, en ouverture du journal d’actualités, Will McAvoy s’excuse d’avoir fait de la merde durant des années. Le journaliste vedette de la chaîne ACN ne mâche pas ses mots. «Je me suis rendu complice d’une lente succession de manquements ignorés et jamais rectifiés qui nous ont amené là où nous en sommes. Je suis un décideur dans une industrie qui a déformé des résultats électoraux, gonflé la peur du terrorisme, attisé les controverses stériles et échoué à rendre compte des bouleversements majeurs qu’a connu ce pays.»

La raison de nos erreurs n’est pas un mystère, nous devions relever nos parts d’audience

Oui, MacAvoy a servi une fade soupe au pouvoir autant qu’aux téléspectateurs. «La raison de nos erreurs n’est pas un mystère, nous devions relever nos parts d’audience». Les taux d’écoute, ce sont eux qui dictaient le sommaire et la hiérarchie des infos dans son émission. Une bonne catastrophe en ouverture, cela ne déplaisait pas aux annonceurs. Chiffres, statistiques, cible, âge de la ménagère devant son écran LED, voilà ce qui a influencé son travail de présentateur et de rédacteur en chef, à Will Mac Avoy. «Je suis un décideur dans une industrie qui a détourné votre attention avec la virtuosité d’un Houdini.»

Retour aux bases

Le journaliste, poussé par une jeune équipe, décide de revenir aux bases de son métier. «Nous ne sommes pas dans un restaurant où l’on vous sert le sujet du jour juste comme vous l’aimez, ni non plus des ordinateurs qui vous livrent froidement des faits parce que nous savons que les infos n’ont d’intérêt que si des hommes sont derrière. Rien n’est plus important pour la démocratie qu’un électorat bien informé.»

Derrière les mots de Will McAvoy se trouve la plume d’un des plus engagé scénariste d’Hollywood, Aaron Sorkin. La réplique qui tue, il connaît. Ecoutez les dialogues du film «Social Network» – qui décrit la montée en puissance de Facebook – c’est lui. «Vous n’êtes pas un salaud Marc, mais vous faites beaucoup d’efforts pour l’être», balance une avocate à Marc Zuckerberg. C’est du pur Sorkin.

Vous n’êtes pas un salaud Marc, mais vous faites beaucoup d’efforts pour l’être

Dans «Newsroom», diffusé aux Etats-Unis sur la chaîne câblée HBO, il montre comment une rédaction écarte les images chocs pour de la vraie investigation. Finies les interviews de complaisance aux politiques, bannies les scoops sur les faux nichons d’une star de téléréalité, les reporters creusent, quitte à s’attaquer aux groupes qui financent la chaîne. «On va essayer de faire de l’info, juste comme ça, pour voir », provoque le directeur d’ACN (le génial acteur Sam Waterston) devant un commercial effaré.

Toutes les bassesses

Car la nouvelle ligne éditoriale, vous vous en doutez, provoque de cinglantes empoignades avec les publicitaires, la direction et les téléspectateurs. L’audience, face à trop de pertinence, se rebiffe. En interne, on assiste à toutes les bassesses pour décrédibiliser Will McAvoy, l’attaquer sur sa vie privée, virer les trop fortes têtes de son équipe, tenter de le piéger. Aux Etats-Unis, la série a fini sa deuxième saison et la dernière sera diffusée cette année. Les dix premiers épisodes ont été édités sur DVD l’été passé et se dénichent même dans les magasins valaisans. J’ai eu envie de vous parler de cette série après avoir lu, hier, plein de choses (*) sur notre mercato médiatique et cantonal. Allez savoir pourquoi…

Joël Cerutti

(*) Nomination de Vincent Fragnières et Sandra Jean aux commandes du « Nouvelliste » et autres journaux du groupe.

NOTE: La saison 2 se trouve englobée dans un coffret avec la première et non pas vendue séparément. Une magouille commerciale qui incite à trouver la série en streaming sur internet…

Une première version de ce texte est parue en février sur le site de l’1dex.

Une réponse

  1. vois pas l’intérêt de s’énerver sur ce qui me fait bouillir qd j’allume le bouton, donc j’ai zappé… les arcanes de la téloche m’exaspèrent, elles en font plutôt la promo qu’une vraie critique au final… En plus : qui a copié qui : les British ns ont servi le même sujet, tout aussi exaspérant, j’ai pas retenu le nom du feuilleton!

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