RETOUR DE MANIVELLE   A force d’être attaqué pour des motifs bancaux et des instructions à charge, Narcisse Praz décide de déposer sa propre plainte pour dénonciation calomnieuse. Il découvre qu’à Genève la justice en classe 33 000 par année… dont la sienne, cela va sans dire!

Et puis, et puis: je n’aime pas qu’on me prenne pour un imbécile, même si je me conduis dans le vie comme un foutu crétin des Alpes. Croire que moi, Narcisse de mon prénom et Praz de mon nom, j’aurais été assez idiot pour écrire à Jean-Pierre en lui demandant de commettre le délit d’usurpation de marque de fabrique? Juge de peu de Foex, il faut croire que vous avez l’habitude d’avoir affaire à de foutus crétins, mais ce n’est pas une raison pour m’assimiler à cette masse d’ânes mal embouchés. Moi, si je prépare un sale coup, je n’écris rien et je fais en sorte qu’il n’y ait pas de trace ni de complice. Le jour où je déciderais de fabriquer 1’000 Rolex, c’est moi qui démarquerais les cadrans. Sans complices. Sont-ils donc tous abrutis, les faussaires?

Autant dire que cette dénonciation idiote m’a coûté au bas mot, en travail et en frais, plus de 1’500 francs.

Enfin, Jean-Pierre vint. Et Jean-Pierre trouva dans sa mémoire et ses archives la trace des 1’000 montres en question, avec dates concordantes et tout: il s’agissait d’une commande de la société Filter Queen SA, qui désirait avoir sa raison sociale sur les cadrans des montres qu’elle offrait à sa clientèle à titre publicitaire.

Ouf, mais en attendant, moi, j’y étais allé de deux voyages Nendaz-Genève, deux journées perdues deux autres voyages pour essayer, avec Jean-Pierre, de reconstituer nos relations horlogères et retrouver la trace des 1’000 montres en question (au milieu de deux cent mille autres montres!). Et j’ai chamboulé les archives de plusieurs années, feuilleté page après page toute ma correspondance. Autant dire que cette dénonciation idiote m’a coûté au bas mot, en travail et en frais, plus de 1’500 francs. Et je compte mes heures à la 10 francs chacune!

Et c’est à ce fouille-merde que je dois de m’être mis martel en tête pendant des semaines et des semaines pour contrer cette instruction pénale ouverte contre moi.

Alors, j’ai voulu savoir. Savoir d’où venait la dénonciation. Et savez-vous ce que j’ai trouvé? Le ponte de la politique genevoise en personne. Celui de la plainte contre Jean-Pierre pour concurrence déloyale. Il s’était acharné à tel point contre son malheureux rival en nettoyages qu’il était allé jusqu’à fouiller dans les poubelles de Jean-Pierre dans l’espoir d’y trouver quelque document compromettant pour lui. II a trouvé cette lettre absolument anodine et l’a transmise, en guise de dénonciation, au juge d’instruction. Et c’est à ce fouille-merde que je dois de m’être mis martel en tête pendant des semaines et des semaines pour contrer cette instruction pénale ouverte contre moi.

Alors, j’ai déposé plainte pénale contre X pour dénonciation calomnieuse. C’est bien la moindre des choses, non ?

Que croyez-vous qu’il arriva ? Ma plainte s’en est allée rejoindre les 33’000 autres plaintes (La Suisse dixit) que le Département des Sales Coups de Monsieur Guy Fontanet, conseiller d’Etat démocrate et chrétien (!) a purement et simplement classées sans suite au cours de l’année 1984. Réfléchissez-y: 33’000 plaintes classées. Au vu de ce qui précède, je parierais gros comme vous voudrez que les bénéficiaires de ces classements systématiques se trouvent tous ou presque tous dans le même camp. Devinez lequel.

Quant aux dommages que j’aurais dû toucher pour tout ce remue- ménage occasionné sur la base de cette dénonciation calomnieuse, vous les avez vus passer, vous ?

Ah! Si les rôles avaient été inversés!… N’est-ce pas, Monsieur le juge de peu de Foex?

Narcisse Praz

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