TIC TOC   Lorsqu’une juge facilite le travail d’un escroc, fort charmant, l’instruction se révèle pour le moins partiale. En clair: affaire classée! Nous voilà toujours dans les aléas de Narcisse Praz avec les divers tribunaux genevois. Pas de quoi s’ennuyer dans ce feuilleton estival de PJ Investigations!

Il convient de dire que celui qui m’a dérobé tous les documents, tous les inventaires qui lui étaient néfastes pour le procès qui l’oppose à moi, qui en a fait disparaître une bonne partie, est un personnage fort «respectable» qui se sert de sociétés anonymes et d’hommes de pailles qui les administrent pour arrondir sa fortune à force de concordats et de faillites bien organisées. Au demeurant il est très riche. Et il a du charme. N’est-ce pas, Madame Salamin? Si j’ajoute que mon comptable et moi avons été reçus par cette dame comme on ne reçoit pas deux chiens dans un jeu de quilles mais pire, vous comprendrez à quel point l’instruction de cette affaire contre le riche et puissant Monsieur de Bienne lui répugnait. Et voilà l’histoire du pot de terre prolo contre le pot de fer capitalo !

Pour retrouver (peut-être) quelques feuilles chez le pauvre Jean-Pierre on mobilise la Sûreté, mais pour cent cinquante kilos d’archives volées par le riche et séduisant fabricant d’horlogerie biennois, on classe l’affaire !

Si je vous ai parlé de l’activité horlogère de Jean-Pierre, au début de ce chapitre, c’est pour vous narrer une autre péripétie qui démontre bien quel point justice n’est pas synonyme d’équité.

Comment, me direz-vous, comment un juge d’instruction peut-il, sur la base d’un document aussi bête, aussi stupide, ouvrir une instruction contre un «prévenu»?

Un «beau jour» – ne sont-ils pas tous beaux? – mon Jean-Pierre se voit convoqué chez un juge d’instruction «pour renseignements au sujet de Narcisse Praz». Vous avez déjà vu une pareille formule vous? Et là, on lui demande s’il a démarqué des cadrans de montres pour moi. D’où tiennent-ils le renseignement? Allez savoir. A ce stade de l‘enquête, il n’y comprend rien. Naturellement, il fait des travaux de ce genre pour moi. Mais allez vous souvenir de toutes les marques de fabrique utilisées au cours d’une longue carrière d’horloger spécialisé en la matière. On me convoque à mon tour. On me met sous le nez une lettre. Ecrite par moi. A Jean- Pierre.

Une lettre aussi banale que ça: « Cher Jean-Pierre, pouvez-vous me changer rapidement les marques à 1’000 montres? Amitiés »

Comment, me direz-vous, comment un juge d’instruction peut-il, sur la base d’un document aussi bête, aussi stupide, ouvrir une instruction contre un «prévenu»? Ou bien il est bête comme ses pieds, ou bien il ignore tout des pratiques horlogères où les changements de marques sur les cadrans sont chose hebdomadaire au minimum sinon quasi quotidiennes, ou bien il a décidé d’avoir ma peau. Ou peut-être le tout à la fois? Choisissez.

Faut vous dire que c’est le spécialiste en la matière, puisqu’il a eu à s’occuper de la protection de ces chers pontes de l’horlogerie.

Cet homme de peu de bonne Foex me fait venir deux fois à Genève, me harcèle pour savoir de quelles 1’000 montres il s’agit. Et de citer des marques célèbres, les Cartier, les Rolex et j’en passe. Faut vous dire que c’est le spécialiste en la matière, puisqu’il a eu à s’occuper de la protection de ces chers pontes de l’horlogerie. Il aimerait bien me coincer, c’est évident. Et le Jean-Pierre du même coup: on ne lui pardonne pas d’avoir été innocent dans l’autre affaire, comme si le fait d’avoir été ruiné par son concurrent, bien protégé par la «Justice» ne lui suffisait pas.

Jean-Pierre et moi passons en revue les marques que nous avons utilisées. En vain. Je m’attends au pire, vu que je me trouve dans l’impossibilité de trouver quoi que ce soit dans mon monceau d’archives. Remarquez qu’à ce stade de l’instruction, le juge de peu de Foex n’a rien d’autre à se mettre sous la dent que cette lettre de moi disant bêtement qu’il s’agit de changer les marques sur 1’000 montres. Le chiffre rond aurait dû lui ouvrir les yeux pourtant, à ce grand «spécialiste».

Narcisse Praz

(à suivre…)

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