PAMPHLET Anar dans son ADN et sa plume, Narcisse Praz ne pouvait que trouver sa place sur PJI. Dans ce texte, il raconte quelques démêlées avec la justice genevoise. Savourez-en la saveur de ses mots contre les maux de l’administration. Bornée, cela va sans dire.
1. Préambule
Qu’on ne s’attende pas à la Grande Erreur Judiciaire qui rebondit dans les consciences de siècle en siècle. Ceci est l’expérience banale d’un homme qui a décidé de remettre en question toutes les idées reçues et de mettre à l’épreuve les Institutions.
Ma vie aurait pu être banale. Comme la vôtre. Il eût suffit pour cela de ne jamais me rebiffer, de baisser le ton, les yeux, d’accepter sans discussion tout ce dont on dit : «C’est comme ça et pas autrement».
Jusqu’où peut-on aller trop loin dans la provocation ?
C’est le vécu d’un homme qui se voudrait indépendant du Système tout en le subissant parla force des choses. Jusqu’où peut-on aller trop loin dans la provocation ? Pourtant, j’ai le sentiment de n’avoir jamais demandé que mon dû légitime : l’équité. Ce mot fut peut-être jadis – ou le fut-il jamais ? – synonyme de justice. En affublant la justice d’une majuscule on a fait disparaître l’équité. Un coup de Merlin, l’enchanteur.
Deux choses demeurent :
– Primo : « La Justice est à la justice ce que la guillotine est à l’angine »
– Deuxio : « Libéral, socialiste ou totalitaire, l’Etat est l’ennemi de l’Homme »
Narcisse Praz
2. Les Hurluberlois
Pamphlet
S’assumer. Personne au-dessus de soi, personne au-dessous de soi. Facile à dire. La théorie de l‘impossible. On dépend toujours de quelqu’un, d’une manière ou d’une autre. Lorsqu’on ne dépend pas hiérarchiquement de quelqu’un, il y a beaucoup de chances pour que quelqu’un dépende de nous économiquement ou d’une autre façon. Pourtant, on peut s’approcher de cette pseudo-liberté par des sentiers divers. J’ai choisi de faire face, de tenir tête, au risque de me perdre, car perdre ma liberté c’est me perdre corps et coeur (j’ai quelques problèmes du côté de l’âme). Ce faisant, j’ai mis les Institutions à l’épreuve. Mais j’ai appris (enfin presque !) jusqu’où l’on peut aller trop loin quand on a devant soi le monstre Etat, avec ses innombrables tentacules parmi lesquels sa Justice, la mal nommée.
Je ne prétends pas faire acte de réformateur du droit, puisque je ne suis pas juriste. Mais mon vécu d’homme indépendant qui refuse le Système tout en étant bien contraint de le subir et de se mesurer avec ses anomalies et son absurde me permet de dire, après trente ans d’insoumission systématique autant que viscérale, que la «Justice» est à la justice, c’est-à-dire l’équité, ce que la guillotine est à l’angine. Tchac.
J’ai dit : jusqu’à la mort. Ils ne m’auront pas. Je ne basterai pas.
Cette maxime a fait l’objet de quelques «sprayages» (pardon Monsieur Rimbaud !) spectaculaires à travers Genève. Mais là, je prends un risque : supposez que la prescription ne soit pas acquise et qu’un magistrat revanchard… Hé là, le persécuté ! Halte ou je tire.
Vous ne trouverez donc pas dans ce pamphlet La grande erreur judiciaire qui apporte la preuve flagrante de la faiblesse du système judiciaire, mais un somme non négligeable de petits faits et d’anecdotes qui font des gens de «Justice» de véritables «Hurluberlois». Logiquement, en bonne justice, je commence par la fin : la dernière à venir. J’ai dit : jusqu’à la mort. Ils ne m’auront pas. Je ne basterai pas. Je biaiserai, mais je ne me soumettrai jamais. Ce serait accepter l’absurde comme règle de vie.
Ce jour-là, j’étais à cent mille milliards de lieues de penser que je pouvais être arrêté par la police de ma vallée. J’avais vendus mes bordels (entendez : la chaîne de magasins de breloques vaguement autogestionnaire pour mon malheur !), je vivais en ermite dans ma république autonome de la Cüa à Beuson, mes contacts avec votre «civilisation» était si espacés que les occasions de révolte en devenaient rares sinon nulles.
Et pourtant …
(à suivre…)