AUTOPSIE D’UNE BAVURE «Un magistrat ne saurait être tenu pour responsable des erreurs qu’il commet dans l’exercice de sa charge»… C’est cette justification authentique que Narcisse Praz reçoit des instances supérieures genevoises. Après avoir passé une nuit en prison pour que dalle, c’est un peu léger.
Savez-vous comment la belle et sereine justice genevoise est parvenue à cette «légère erreur» ? Je l’ai appris plus tard : après mon acquittement… Car, le croirez-vous ? J’ai été acquitté pour ce crime abominable ! J’ai pu prouver que la dette en question avait été dûment reprise par une autre société qui avait, d’ailleurs, réglé bien plus que l’ardoise faisant l’objet du séquestre.
Autour de l’arbitraire
Or donc, je voici acquitté. Donc reconnu innocent. Donc, on m’a arrêté arbitrairement. Transféré dans la prison de Sion arbitrairement. Amené en wagon cellulaire à Genève arbitrairement. Menotté arbitrairement. Amené à Champdollon et enfermé arbitrairement. Reconduit chez le juge, menottes aux mains, arbitrairement pendant que les deux jeunes crétins en uniforme jouaient aux cartes (c’est d’ailleurs pur pouvoir jouer aux cartes en toute quiétude qu’ils m’avaient ligoté au radiateur !) tout aussi arbitrairement.
Me voici donc apte à écrire des lettres incendiaires à Monsieur Guy Fontanet, le vénérable chef du Département des mauvais coups à Genève.
Me voici donc fort, très fort de mon innocence prouvée et reconnue. Me voici donc apte à écrire des lettres incendiaires à Monsieur Guy Fontanet, le vénérable chef du Département des mauvais coups à Genève. Pour demander une indemnité. Pour demander justice. Pour exiger le châtiment des auteurs de cette coupable «légère erreur».
Voici mon historique de l’affaire :
- La Caisse de Compensation de Genève dépose une plainte pénale contre moi, habitant à Haute-Nendaz. Première erreur : je n’habite pas Haute-Nendaz.
- Le génial greffier du Tribunal de Commerce, un flic recyclé, un nommé Duruz, recopie la plainte sans vérifier l’adresse. Deuxième erreur. Et envoie sa convocation à une fausse adresse.
- Le génial greffier Duruz, ancien flic recyclé (on fait ce qu’on peut dans la vie), au lieu de :
- S’adresser au contrôle de l’habitant de Genève, où mon départ a été dûment annoncé avec nouvelle adresse à l’appui,
- S’adresser au contrôle de l’habitant de ma nouvelle commune, Nendaz,
- Le génial Duruz, dis-je, ne trouve rien de plus intelligent à faire que de demander à un ancien collègue, le flic, de me convoquer par téléphone !
Vous voyez à peu près le sérieux de la «Justice» ? Et pourquoi le B… ? Ce sont deux anciens copains flics et Duruz et B… ne me pardonnent pas d’avoir publié dans mon journal satyrique et satirique, La Pilule, en 1973, c’est-à-dire onze ans plus tôt (!), une photographie hautement parlante où l’on voit une douzaine de sbires genevois, parmi lesquels le B… (et peut-être le Duruz) s’acharner à coups de pieds, de poings et de matraque sur un seul homme désarmé ! Impardonnable.
- Le non moins génial B… téléphone donc pour me faire part de cette convocation du juge d’instruction Mehling. Et depuis quand, Messieurs les hurluberlois, peut-on considérer comme valable une convocation par téléphone ? Tenez, en passant une bonne blague : Je viens de faire paraître une petite annonce dans le Nouvelliste : «Je cherche un toit, pas cher, mazot, grange à retaper, etc… » Savez-vous ce que j’ai trouvé sur mon répondeur automatique ? Le numéro du pénitencier de Crêtelongue ! Voilà pourquoi j’estime n’avoir pas à tenir compte d’une convocation par téléphone ! Eh bien, le génial sous-brigadier B… trouve le moyen de parler dans mon répondeur automatique sans attendre le signal sonore ! Si bien que son message s’en trouve tronqué et que moi je n’entends que « … sous-brigadier B… ». Autrement dit, la signature sans le message.
- Naturellement, nulle suite ne sera donnée à cette convocation qui n’en est pas une.
Et voilà ! Monsieur le génial greffier du Tribunal de Police, Duruz, ancien flic recyclé (on fait ce qu’on peut dans la vie) se contente du rapport du génial sous-brigadier et copain B… et me met au moniteur de police.
(à suivre…)