PHOTOCHOPE   On le savait prompt à coincer des malheureuses, Frédéric Recrosio a tout aussi peu de retenue quand il s’agit de parler de l’actu « bouillassonnante » de notre canton. Pour ce premier épisode de « Photochope », la chronique de L’1Dex pour le bicentenaire, le photographe Christian Miraillès a immortalisé l’humoriste dans l’un des mythiques bars de la Rue de Conthey, « Le Sillon, chez Emilia ». Il répond sans concession aux questions d’Anne-Christine Willa sur le Valais 2.0.

L’écrivain Germain Clavien disait: « Autrefois les Valaisans gardaient leurs vaches, aujourd’hui ils gardent leurs immeubles. » Votre vision idéale de l’aménagement du territoire en Valais, c’est plutôt « Gotham City » ou « La petite Maison dans la prairie » ?

Je connais plein de Valaisans qui n’ont ni vaches ni immeubles. J’ose même croire que c’est la plupart.

Pour les autres, tant mieux pour ceux qui ont des immeubles, parce qu’on ne peut pas habiter dans une vache ; et tant mieux pour ceux qui en sont toujours aux vaches, parce qu’un HLM fabrique pas de lait.

Quant à ces histoires d’aménagements, de promotions immobilières ou autres installations de ski – ça ne changera la vie de personne si on n’est pas capable de partager la montagne, faire gaffe aux trucs vivants qui sont dessus et sourire aux gens qui passent.

C’est ce qui ne se vend pas qui a de la valeur. Le reste, c’est que des choses.

En juin prochain, Sion accueillera la Gay Pride. Vous y verra-t-on danser sur un char ou jeter des cailloux sur ces brebis égarées?

J’adore les gays, au moins autant que les hétéros, que je trouve aussi super que ceux qui sont les deux, qui valent bien ceux qui hésitent, sans parler de ceux qui se transforment qu’ont au moins autant de mérite.

Les seuls qui seraient un peu à part, c’est ceux qui jettent les cailloux. A mon avis, ils ont dû dormir quelques siècles et se réveiller d’un coup en 2015. Les pauvres – ils sont anachroniques – ça doit pas être facile pour eux.

Pardonnons-leur.

Le parlement valaisan compte environ 15% de femmes. Pour vous une gonzesse en politique, c’est un homme politique avec des seins ou une femme qui a des couilles?

Un transgenre, en sorte ?

Votre question prouve que l’époque nous rattrapera toujours, même si on n’aime pas trop s’adapter. Alors pourquoi pas tenter le 21^ème ? Pourquoi pas consentir au lendemain ? Genre en essayant de progresser ?

Je sais bien que ça fait un peu peur ; mais on est des grands maintenant, on pourrait prendre quelques risques… Pourquoi pas celui d’être moins con ?

Au-delà de la Raspille vivent des individus dont les mœurs et le langage échappent souvent à la compréhension des Bas-Valaisans. Quels liens entretenez-vous avec la partie supérieure (géographiquement) de notre canton?

Je passe devant leurs maisons. Mais comme je ne m’arrête pas, comme je ne frappe pas à leur porte, comme je ne m’assois pas à leur table et comme je ne me présente pas à eux – on peut dire qu’on ne se connaît pas.

En somme, exactement comme avec mon voisin de palier : c’est vachement de ma faute.

Le Valais nage depuis quelque temps dans un bouillasson politico-médiatico-juridique. Aimeriez-vous que les médias valaisans vous informent sur ces affaires ou préférez-vous découvrir chaque semaine le lieu incroyable où se trouve le cube 365?

Pour tout vous dire, j’aime de plus en plus ce Canton, que j’apprends enfin à connaître vraiment, car ces affaires le révèlent.

Et pas que lui. Les gens dedans aussi. De plus en plus, de mieux en mieux, on voit qui est qui.

Et pour les cons, c’est comme qu’il y avait un drapeau dessus. Alors on gagne un temps fou.

Frédéric Recrosio est actuellement en tournée avec son spectacle « Je suis vieux (pas beaucoup mais déjà) »  http://www.fredericrecrosio.com/

Son court-métrage « Que la nuit soit douce » vient d’être sélectionné et présenté au Slamdance Film Festival (USA).

Le bar « Le Sillon, chez Emilia »  est ouvert du lundi au samedi de 17 h à 02 h.  http://www.lesillon.ch/

Propos recueillis par Anne.Christine Willa

Photos signées par Christian Miraillès

« Photochope », la chronique de L’1Dex  pour le bicentenaire, revient le 28 février prochain, soyez au rendez-vous!