Un quart de siècle après sa première sortie, « La Cité de la Peur » s’amuse à Cannes, rejoue en live la Carioca, célèbre chorégraphie entre Chabat et Darmon. Voici 25 ans, j’étais critique ciné et j’avais rencontré Les Nuls en vrai…
Dans mon tiny appartement, j’ai cherché sans succès le DVD de « La Cité de la Peur ». Le coup classique, celui du « Qui est ce fils de %&§ – à qui je l’ai prêté – et qui le garde chez lui ? Qu’il soit maudit jusqu’à la 345e génération, clone y compris ! »
Alors il me reste ma mémoire.
Celle de la projection de presse en 1994 à Lausanne, sans aucun doute au Cinéma Richemont, à Lausanne, ancienne très belle salle qui proposait du porno et ensuite s’était assagie. Le couple qui le gérait ne suçait pas que des glaçons et il arrivait que des bobines soient inversées. Cela mettait de l’ambiance. Car d’habitude, il n’y en avait pas beaucoup.
Ouaip, montrer ne serait-ce qu’un atome d’émotion durant une projection de presse, c’était presque comme exhiber son organe génital au milieu d’un couvent de carmélites. Tu cachais ça sous le vernis du blasé qui en avait tant vécu que plus rien ne le touchait. Me connaissant, j’ai dû me marrer telle la baleine à « La Cité de la Peur » puis partir – quelques jours plus tard – le cœur battant de joie à l’interview du trio des Nuls sur Genève, Hôtel Bristol.
J’avais adopté, à l’époque, la méthode des journalistes japonais qui offraient des cadeaux ! Cela cassait les codes et facilitait la conversation… J’avais opté pour des présents bien gogols et kitsch, genre Swatch mochissime…
Je m’étais bien marré, avec mes idoles, parlé aussi comics avec Alain Chabat. Le lendemain, sur mes conseils, il avait débarqué à la librairie du « Paradoxe Perdu », à quelques centaines de mètres du Bristol. La caisse enregistreuse s’en était souvenue avec émotion…
J’avais livré une page complète et délirante au Nouvelliste, un papier réservé aux initiés des Nuls et il ne devait pas y en avoir tripette en Valais vers 1994…
Ah ouais, j’ai adoré être critique ciné… et j’ai aussi apprécié ne plus l’être ! À force, voir des films uniquement dans l’optique d’un article, cela biaisait le plaisir. Après, évidemment que j’ai ressenti une grande secousse de joie lorsque j’ai vu Chabat et Darmon reprendre la Carioca à Cannes, en live, voici deux jours, en 2019. Alors je te la partage, y’a des réflexes qui restent, moi je dis ! Et faisez tous comme moi…
Joël Cerutti