COUPS DE POUSSES (14) Une auteure suisse d’une infinie douceur qui écrit avec sensibilité mais sans sensiblerie. Une plume faite pour les mots et les silences… bref, une écrivaine de talent à suivre, et, pour certains, à découvrir !
Avec ses figurines de dinosaures, Antoine s’invente tous les jours une bulle rassurante loin des «échardes» et des méandres d’un monde qu’il doit «décoder» en permanence à défaut de le comprendre. Un monde de silence émaillé par des expressions nouvelles qu’il dissèque minutieusement et des émotions qu’il lui reste à dompter. Sa différence, il la ressent au contact des autres. Une réaction en marge, une absence remarquée et le jeune garçon est projeté dans un climat de violences infinies dont il ne saisit que la douleur des impacts.
Papa et maman sont là pour lui. L’amour et la bienveillance ont presque vaincu tous les obstacles. Antoine est unique…comme chaque enfant, il est juste plus fort, plus doué, plus singulier, plus «unique» que les autres. La vie, il la regarde sans filtre, sans connivence, sans complaisance, juste avec son cœur.
Constance, sa mère, se bat pour cet enfant qui la remplit et l’épuise, la comble et l’anéantit. Elle tente de lui construire un monde sur mesure, le plus doux possible, sans se leurrer sur les difficultés et le caractère insoluble d’une équation à plusieurs inconnues. Mais elle n’est pas seule, Jacques son époux est à ses côtés…était à ses côtés.
Avec sensibilité, Mélanie Richoz nous immerge dans le quotidien d’une famille écorchée, courageuse et pleine d’amour. Pourtant, l’autisme avec son corollaire de mises à distance et de stigmates frappe et isole les êtres. L’incompatibilité d’un enfant en marge complique les relations, suspend les vies et donne aux mots prononcés une autre signification. Mais des liens puissants se tissent très loin des normes et du connu. Si ce genre de sujet baillonne forcément les critiques les plus acerbes, je note la retenue et la pudeur contenues dans ce roman. Pas de pathos, ni de larmoiement, l’histoire est juste et sans fard. A lire et faire lire!
Extrait page 35 : Antoine » J’ai appris qu’il fallait dire mes pensées à haute voix pour que les autres me comprennent, les verbaliser, comme dit la psychologue. Car les autres ne peuvent pas voir, ni entendre, ni ressentir mes pensées puisqu’elles sont dans ma tête et que ma tête est une boîte fermée. Secrète. Personne ne sait ce qui est à l’intérieur, sauf moi. »
Et Nine lit