DURANT L’APOCALYPSE, LE BAR RESTE OUVERT (Chronique)   Comment? Il faudrait contrôler la vérité et la source de ce qui paraît sur internet? Ah ben, s’il faut encore bosser pour démêler le vrai du faux, autant rester ignorant! Cela repose le cerveau…

Durant l’Apocalypse, on publie beaucoup de choses fangeuses sur internet. Des infos qui finissent par sentir très vite la vieille chaussette sale alors qu’elles embaumaient la lavande peu de temps auparavant. Le site Mr Mondialisation se révolte de la souris. Apolitique, alternatif, il a vu un de ses documentaires – «Diversion» – se faire détourner par des sites d’extrême-droite, bien amidonnés du cortex. De ceux qui ne vénèrent que les familles hétérosexuelles et qui pensent qu’un bon étranger est un étranger mort, noyé sur le bord d’une plage. La récupération de « Diversion » a été réalisée sans mention de droits, d’origine, avec de nouvelles signatures… et récompensée par 50 000 vues!

Cela passe mal.

« Il est temps que les internautes prennent du recul sur les écrits qu’ils consomment et les groupes qu’ils fréquentent. Écrire un article est un travail de fond qui réclame énormément de temps. Il faut regarder les reportages, rechercher des sources et les lire, avoir une capacité d’analyse et de synthèse tout en gardant un œil sur la forme, une simple faute de frappe réduisant votre travail à néant, prendre contact avec les associations et personnes clés, produire / acheter les images, fouiller l’actualité jour et nuit, se rendre parfois sur le terrain, etc… », décrit Mr Mondialisation.

Qui conclut son ras-le-bol sur Facebook en ces termes : «Par respect pour ceux qui vouent leur temps de vie disponible à écrire et conscientiser, nous demandons à nos lecteurs d’être vigilants avec les sources, de dénoncer et fuir les sites confusionnistes, réactionnaires et extrémistes, de soutenir les médias alternatifs sérieux et apartisans, bref, de devenir des consomm’acteurs également en matière d’informations.»

Lorsqu’on publie sur Internet, on pénètre sur le territoire, de « Deadwood », une zone sans droits où galopent les renégats.

Tous les coups de sabots sont tolérés et les canassons se révèlent plus que souvent des bourrins de la pensée. C’est la non-règle favorisée par la gratuité à tous crins.

Quand le cheval est donné, pourquoi se mettre à chipoter sur la qualité de la selle?

A râler devant des étriers pourris?

A marmonner face une cravache miteuse ou une bombe usée?

Comme l’info se révèle obligatoirement offerte sur les réseaux sociaux, on ne va pas lui demander, en plus, d’assurer de la fiabilité et de l’authenticité!

Mettons que la tuyauterie de votre salle de bain déverse de la flotte en dehors de la douche et de la baignoire. Pour économiser, vous demandez à votre beau-frère, bricoleur du samedi et du dimanche, de colmater les brèches. Dès le lundi, cela fuit de tous les côtés et une piscine involontaire se forme dans votre salon. Pas de bol. Plutôt des sceaux pour écoper. Vous seriez, en plus, mal venu d’engueuler votre beau-frère. Il a fait ce qu’il pouvait avec ce qu’il était. Un amateur qui prétendait manier la clé à molette comme un dieu.

Pareil pour la presse, n’est-il pas? Entre nous, on sait ce que c’est, hein! Ces journalistes écrivent ce qu’ils veulent et toujours n’importe quoi. Rien de plus facile que d’enquêter, de photographier, à leur place, les doigts dans le nez puis sur le clavier, et d’en faire profiter, à l’œil, la blogosphère de n’importe quelle obédience politique. Que cela soit piqué, sorti de son contexte, trituré, redigéré: quoi de plus normal? L’industrie du disque, du ciné ou de la télé, se « paie » des ulcères avec ça depuis vingt ans. Le son ou l’image ne valent rien? Pas grave, c’est offert, c’est leur tournée involontaire. Vous voudriez, EN PLUS, de la qualité?

On vous distribue un échantillon, dans un magasin, s’il ne vous convient pas, vous n’allez pas le recracher à la face du vendeur. Les échantillons d’infos du net pas nets, vous les consommez à la hauteur de votre discernement. Si vous leur prêtez votre confiance et qu’une nouvelle fausse vous est rendue, n’engueulez que votre crédulité.

Sinon, cultivez votre ignorance sans aucun frais. Un légume, ça n’a pas de couleur politique, non?

Joël Cerutti

PS: Grâce à un lien adapté, Mr Mondialisation vous renvoie vers un petit documentaire qui détaille comment les fausses informations – non vérifiées – autoalimentent des sites bien bas du plafond (https://www.youtube.com/watch?v=ZxSTXnmzbvU). De ceux qui entretiennent leur paranoïa avec une bonne mauvaise foi bétonnée qui pourrait relever de la psychiatrie.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *