ALLUMEZ LE PEU ! Depuis 2002, l’écran de fumée est tellement dense autour de l’agression du petit Luca que même un paquet de cigarettes a « échappé » à la sagacité de la police.

Cette collaboratrice scientifique de la Section Identité Judiciaire (SIJ) de la police valaisanne a rendu un rapport très intéressant le 22 avril 2002. Soit deux mois et demi après le drame causé, selon la Justice, par l’attaque du chien Rocky sur son jeune maître Luca Mongelli dans la soirée du 7 février.

Mlle Papilloud y dresse la liste exhaustive des «objets et vêtements prélevés sur les lieux» le soir même et le lendemain matin. Le catalogue fait état d’une «laisse de chien», de «chemise, pull, veste, gants rouges» et de quelques «taches congelées, de même que deux morceaux d’une montre».

Et les autres pistes?

Le tout est évidemment conservé et a subi les analyses d’usage. Conclusion : les seules traces identifiables trouvées sont celles de la victime et du chien. Ce splendide travail d’enquête permettra au juge d’instruction Nicolas Dubuis de rendre une ordonnance de classement fin février 2004.

A qui appartient cet attirail ?

Pourtant il y avait d’autres pistes et traces que ces fins limiers auraient pu (et dû ?) investiguer. Ainsi les parents Mongelli transmettent à la police une «pochette bleu clair» (pièce 538-30) contenant un paquet de cigarettes, un briquet noir et le reste d’un paquet de chewing-gum. Tout à fait le genre de petit besace qu’un adolescent utilise pour cacher à ses parents le fait qu’il torraille.

A qui appartient cet attirail ? Les enquêteurs n’ont jamais cherché à la savoir.

« Pas exploitable »

Explications fournies par le désormais procureur général adjoint Nicolas Dubuis, toujours en charge de l’affaire : «D’une part cette pochette nous est parvenue un mois après les faits et d’autre part ayant séjourné dans la neige aucune trace ne pouvait être exploitable sur la pochette.»

A l’époque cela ne nous pas semblé être un élément pertinent (Nicolas Dubuis)

Mais quand nous faisons remarquer au proc que de l’ADN ou des empreintes étaient plutôt à rechercher à l’intérieur du sac et sur le paquet et le briquet, un lourd silence s’installe et Nicolas Dubuis clôt le débat : «A l’époque cela ne nous pas semblé être un élément pertinent».

On se demande bien dès lors pourquoi ces objets figurent toujours dans les pièces conservées par la justice et pourquoi ils ne seraient pas analysés aujourd’hui ? Quitte à pouvoir les exclure définitivement de la procédure.

Autre piste négligée : le lieu de l’agression. Quand on découvre un corps, tout policier, même le plus obtus, doit se poser deux questions : d’où provient la victime et où s’est passée l’agression ?

Pour obtenir la réponse, il suffit de passer tous les alentours au peigne fin.

« Trop de traces de pas »

Là encore,  aucune réponse valable ni du Ministère public, ni de l’inspecteur chargé de l’enquête : «Il y avait trop de traces de pas alentours et la neige nous empêchait de chercher».

A moins que ces recherches en dehors du lieu de la découverte du corps n’aient jamais été jointes au dossier. Des sources proches de la police cantonale valaisanne nous ont affirmé que c’était le cas. Et même si le procureur Dubuis nous assure que «toutes les pièces sont en notre possession», on peut se demander si la véritable enquête sur le petit Luca ne devrait pas commencer par une enquête sérieuse sur le travail de la police et de la justice.

Patrick Nordmann

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