TAXES Dès décembre 2017, les CFF feront payer aux usagers l’utilisation des toilettes dans les trains. Une décision qui vise à diminuer les frais d’entretien. Réactions.
Fin 2017, vous devrez conservez votre petite monnaie avant d’entrer dans un train CFF. L’accès aux toilettes s’obtiendra par le biais d’une pièce d’un franc. « Nous sommes conscients que cette décision peut, dans un premier temps, être mal prise par nos usagers », concède Martin Aeschlimann, porte-parole des CFF avant d’enchaîner : « Il nous faut tenir compte de certains impératifs économiques. Si nous voulons maintenir le prix des billets à un niveau supportable, nous devons trouver de nouvelles recettes. C’est la loi logique de tout équilibre financier. »
2700 toilettes au compteur
Les CFF ne rigolent pas avec l’entretien de leurs WC.
L’entreprise ferroviaire mandate 850 nettoyeurs. Ceux-ci sont tenus d’en assurer la propreté et l’hygiène trois à quatre fois par jour. Ils doivent récurer les lunettes de 2700 toilettes. De nuit, une fois les courses terminées, tout est désinfecté durant une trentaine de minutes. Ces opérations génèrent de notables frais de fonctionnement. «Ils ne peuvent plus être couverts entièrement par les prix des transports de nos clients, poursuit Martin Aeschlimann. Vous le savez, en 2016, nous avons transporté 1,25 millions de voyageurs, chaque jour. Une hausse de 3,5% en une année. Avec les conséquences qui en découlent : nous avons constaté une nette augmentation des utilisations de nos WC. Sans doute parce que, dans les gares, il n’y a plus d’accès libre à ces commodités.»
La décision des CFF a déclenché une cascade de réactions. En majeure partie indignées. « On passe de service prétendument public à un sévice peu public ! », s’indigne Florence Savioz, responsable communication de la Fédération des Consommateurs Romands. « Le Conseil fédéral n’est pas entré en matière dans le gel demandé par l’UDC de leurs tarifs. Depuis, les CFF se sentent plus que validés, voire encouragés, dans leur politique néo-libérale », enchaîne Florence Savioz qui n’exclut pas de lancer dans les jours à venir une pétition numérique.
Gratuit pour les premières ?
Le Conseiller national PLR Ernst Zürcher, qui siège à la Commission des Transports, cherche à pondérer le débat. « Que ce soit La Poste ou Swisscom voire les CFF, ils passent aux yeux des citoyens pour un service public à qui l’on demande de dégager le plus de marge bénéficiaire… dont profite La Confédération. Dès lors, l’entreprise sait qu’elle peut y aller. L’argent qui lui manque d’un côté, via les aides étatiques, elle le récupère au maximum de l’autre. Comme en faisant payer à présent leurs toilettes. Les CFF auraient pu apporter quelques nuances. De permettre aux voyageurs de premières classe d’y accéder gratuitement… »
Cette idée, les CFF l’avaient envisagée. « Nous avons étudié une serrure, pour les WC, qui réagissait aux cartes d’Abonnement Général 1ère classe. Mais les installations de scannage s’avéraient bien trop onéreuses, révèle Martin Aeschlimann. Nous avons aussi pensé qu’il était mieux de mettre toutes les classes sur un pied d’égalité ».
Déjà dans les airs
En 2009 puis 2010, Michael O’Leary, PDG de la société de vol lowcost RyanAir, avait déjà envisagé de faire payer les toilettes dans ses avions. «Nous espérons modifier les comportements des passagers et les inciter à prendre leurs précautions avant le vol, s’était justifiée la compagnie. Cela nous permettrait de supprimer deux des trois toilettes habituelles et de dégager de la place pour des sièges supplémentaires». RyanAir avait abandonné cette idée au profit d’une autre, celle de faire voyager ses clients debout. Ce qui, dans les wagons CFF, se révèle une réalité quotidienne à certaines heures.
Joël Cerutti