100% COCORICO  Nouvelle victoire pour le procureur général du canton de Vaud. Le match Cottier-Légeret a été remporté 2 à 0 !

Félicitations, vraiment ! L’homme qui avait osé proclamer dans 24 heures, à l’occasion du premier procès de François Légeret : «Je suis convaincu à 100% de sa culpabilité. Pas à 99%, mais bien à 100% !»

Et il a répété cette profession de foi lors de la révision du même procès et avec le même succès, puisque «l’assassin-meurtrier de sa mère, d’une amie de celle-ci et de sa demi-sœur disparue» vient d’être condamné pour la deuxième fois à la réclusion à perpétuité.

Lucide et modeste

Oui, il peut sabler le champagne, ce procureur intègre, ce défenseur sans faille de la société face au crime. Et il peut se réjouir, car, faute de candidats osant l’affronter, c’est lui que les députés vaudois vont reconduire au poste de Procureur général. Un service qui deviendra vital, puisque 2011 verra la fin des juges d’instruction et l’arrivée toute puissante des seuls procureurs face aux prévenus. (Vigousse, 19.03.10).

L’absence d’autres candidatures est peut-être la reconnaissance des milieux concernés que je suis la bonne personne à la bonne place.

Eric Cottier l’a clamé : «L’absence d’autres candidatures est peut-être la reconnaissance des milieux concernés que je suis la bonne personne à la bonne place.» On admire sa lucidité et sa modestie.

Mais n’en déplaise à ce tout-puissant, on peut tout de même se poser quelques questions.

Un procureur, d’après ce qu’on avait cru comprendre, représente le ministère public face à un individu à qui la loi reproche certaines actes et qui, jusqu’à preuve du contraire, est considéré comme innocent.

Pas un clou

C’est donc au procureur à fournir les éléments de la culpabilité de celui qui est jugé. Et donc, Monsieur Eric Cottier peut avoir toutes les convictions personnelles du monde, elles ne valent pas un clou tant qu’il n’a pas apporté la preuve de ce qu’il avance.

Si cet homme-là avait été un véritable honnête homme, conscient de l’énorme responsabilité de sa charge, il aurait demandé lui-même au Tribunal d’acquitter François Légeret. Il aurait pu en être personnellement consterné, mais en vrai serviteur de la Justice, il aurait dû reconnaître qu’il était incapable de requérir autre chose.

Et cela fout les jetons pour l’avenir.

C’est sans doute trop demander à un magistrat qui fait passer sa propre gloire avant l’intérêt général.

Et cela fout les jetons pour l’avenir. Pensez : dès que le procureur général aura tout son petit monde à sa botte pour mener les enquêtes, il pourra leur inculquer sa propre vision de la Justice : «Vous emmerdez pas à trouver des preuves, les gars ! Soyez simplement convaincus à 100% que votre suspect est coupable, ça marche à tous les coups !»

Qu’il n’y ait, dans le canton de Vaud, aucune autorité pour se poser la moindre question sur la fiabilité et le sérieux du travail d’Eric Cottier, c’est aussi se moquer des citoyens à 100%

Patrick Nordmann

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