RACCROCHEZ,  C’EST UNE HORREUR!  Téléphoner, en kit main libre, sur les routes valaisannes vous garantit la sécurité… et des coupures incessantes. Explications et justifications des opérateurs. Qui jurent de résoudre votre problème, encaissent vos factures et ne changent rien à la situation.

Au téléphone, la voix de votre interlocuteur se mue en un filet inaudible. Et, sur la route qui descend de Crans-Montana à Sierre, les coupures se multiplient. Attention ! Vous ne vous trouvez pas en situation d’infraction routière.

Un voyage de 10 kilomètres peut entraîner cinq à six interruptions de communication.

En sage conducteur, Vous avez branché votre kit «main libre». Mieux, grâce au bluetooth, votre smartphone vous évite des écouteurs. Les subtilités technologiques se limitent, malheureusement, à l’habitacle de votre véhicule.  A la sortie de Crans, vers Chermignon d’en Haut, au rond-point vers Icogne, voire encore à Corin, c’est la mélasse au bout du fil. Un voyage de 10 kilomètres peut entraîner cinq à six interruptions de communication.

Pas à la fête

Voici 4 ans, Swisscom, Orange ou Sunrise n’avaient pas été à la fête dans une enquête menée par «A bon entendeur». La couverture des régions de montagne – et particulièrement celle de Sierre – n’héritait pas des meilleures notes ! La main sur le cœur – organe qui se situe juste derrière notre porte feuille – les différents opérateurs plaidaient la «complexité des zones montagneuses». Un argument raillé sur certains forums. Tel internaute expliquait que l’Autriche – avec une topologie identique à celle des Alpes valaisannes – bénéficiait d’un réseau plus performant et nettement meilleur marché.

A la ramasse avec leurs 20 000 antennes de l’époque, Swisscom, Orange ou Sunrise jurent alors d’investir.

A la ramasse avec leurs 20 000 antennes de l’époque, Swisscom, Orange ou Sunrise jurent alors d’investir. Jusqu’en 2017, Swisscom garantit 1,5 milliard sur la table pour blinder sa 4 G. Orange suit avec 700 millions promis.

« Amélioration notoire »

Passé le charmant effet d’annonces, la réalité du terrain semble démentir les sommes injectées. En 2014 , ça coupe toujours. Où la chatte a-t-elle mal à la patte ou plutôt aux oreilles? Premier contact avec Swisscom… «Dans l’ensemble, cette région est plutôt bien desservie, observe son porte-parole, Christian Neuhaus. Des adaptations au niveau des fréquences auront lieu en été 2014. Ces mesures devraient contribuer à une amélioration notoire de la situation.»

Nous comptons mettre bientôt LTE sur nos sites existants dans la région, cela va améliorer la qualité du réseau à court terme.

Marie-Claude Debons, porte-parole d’Orange, se met sur la même longueur d’ondes. « Afin de répondre aux besoins croissants de nos clients, écrit-elle, nous évaluons constamment l’amélioration de la couverture dont celle des voies d’accès vers le Haut-Plateau qui font l’objet actuellement d’une évaluation particulière. »

Sunrise, via Markus Werner, promet aussi de chouchouter la région. « Nous sommes en train d’examiner la possibilité d’ajouter des sites additionnels dans cette région. Nous comptons mettre bientôt LTE sur nos sites existants dans la région, cela va améliorer la qualité du réseau à court terme, LTE représente l’évolution la plus récente des normes de téléphonie mobile.»

Tant de bonnes volontés, on en pleurerait comme le téléphone de Claude François. Rédigées à la fin du printemps 2014, ces promesses se révèlent du bourrage de mou. Décembre 2014, la gabegie continue à régner. Avec même le sentiment que cela s’est empiré.

Prendre le vélo, plus la voiture!

Il y aurait pourtant comme une urgence dans l’air à accélérer le processus. Un petit sondage sur Facebook, début mai 2014, prend la température du mécontentement des usagers.

Même dans certains pays du tiers monde, ils ont de meilleures communications.

« Pour éviter les coupures, il faut fixer en 2G le réseau, détaille ce restaurateur qui semble bien s’y connaître. Cela marche bien mais on oublie les datas. Belle évolution ! Même dans certains pays du tiers monde, ils ont de meilleures communications… ». Avec un humour certain, cet autre adepte de Facebook enchaîne : « On vient de me donner une réponse à votre problème, ça vient de la voiture. En vélo je n’ai pas ce souci. Il faut acheter une caisse compatible 2-3-4-5-6G et plus si affinité. » Moralité : il faut pédaler pour éviter le combox ! Pas que nous, d’ailleurs. Nos opérateurs, eux, pédalent dans la mélasse des connexions.

 Joël Cerutti

Une version plus courte de ce texte est parue en juin 2014 dans la 6e Dimension.