NOUVEAU ROUND    L’1dex prolonge ses réflexions autour du vice de forme qui concerne l’affaire Légeret. En théorie, la justice vaudoise doit recommencer une procédure « viciée ». En pratique, aucun média et encore moins la classe politique ne se bougent. Mauvaise nouvelle pour eux: ni PJ Investigations, ni l’1dex, ni d’autres acteurs du dossier n’ont l’intention de jeter l’éponge.

Les journalistes et les députés vaudois sont sonnés, ils respirent à peine, ils halètent, ils ne savent plus que faire, tout va à vau-l’eau, c’est la catastrophe absolue. Ce scénario, le pire, personne ne pouvait l’avoir prévu. Un romancier l’eût-il intégré à un best-seller qu’on eût crié au hold-up et à l’absurdité. Et pourtant, tout est là pour laisser le canton de Vaud groggy, chancelant, dans les cordes.

Les grandes fautes

Par la très grande faute de deux magistrats. Ou plutôt ; par la très grande faute d’un journaliste, honni par certains, célébré par d’autres (nous en sommes), passionné de justice, pas celle des prétoires, celle de la vraie vie, celle qui a l’odeur de l’alcool, de la sueur et de la vérité.

Deux juges ont donc forniqué (1) ensemble et participé à deux jugements, dans des cours séparées, et ont ainsi contribué à la condamnation à perpétuité d’un criminel victime d’une grave erreur judiciaire selon le journaliste.

Aucun juriste de ce pays – ou presque – n’osera répondre que la procédure n’est pas ab ovo viciée.

Que l’accusé condamné soit ou non innocent n’a aujourd’hui plus aucune importance. Une seule question se pose : doit-on tout recommencer par défaut d’apparence d’impartialité d’une cour cantonale de cassation dont faisait partie l’un des deux amants, l’autre ayant été membre décideur de la première cour qui a prononcé la sentence de réclusion à vie contre le prévenu. Aucun juriste de ce pays – ou presque – n’osera répondre que la procédure n’est pas ab ovo viciée.

Lumières du ring

La justice est dans les cordes, elle halète, elle suffoque, elle succombe, un genou déjà à terre, brisée, anéantie, au 15ème round d’un combat à mort où tous les coups ont été portés, des directs, des crochets, des uppercuts, des coups en dessous de la ceinture.

Elle est là, la justice vaudoise, défigurée, ravinée, éclatée, elle saigne de toutes parts, le prochain coup sera le dernier.

Elle est là, la justice vaudoise, défigurée, ravinée, éclatée, elle saigne de toutes parts, le prochain coup sera le dernier. Les lumières sur le ring s’éteindront, les spectateurs diront à leurs petits enfants « j’y étais, voici ce qui s’est réellement passé».

Le soigneur, avec son éponge et son sceau d’eau rempli de vinaigre, est là prêt à sauter sur le ring pour la sauver d’un inéluctable dernier coup de poing.

Coucherie entre adultes consentants

Deux juges, un homme, une femme, se sont donc charnellement aimés, et voilà l’institution qui s’écroule par la faute de ces mêmes règles formelles de procédure qui sont si souvent assassines pour ceux qui sont broyés par la machine judiciaire.

Tout fout le camp, le dossier part en lambeaux, demeure seul dans sa cellule un condamné que d’aucuns croient innocent.

Et voilà un pied de nez au mensonge et à la vérité que cette coucherie entre adultes consentants qui provoque l’impossibilité absolue de croire au respect du critère de l’apparence d’impartialité de la Cour de cassation et, vraisemblablement, du tribunal de première instance. Tout fout le camp, le dossier part en lambeaux, demeure seul dans sa cellule un condamné que d’aucuns croient innocent.

C’est la débandade, le triomphe de la mascarade la plus absolue, c’est la déconfiture totale de l’institution la plus essentielle au bien-vivre ensemble dans une cité.

Le temps d’agir

Ce n’est plus le temps d’ergoter, ni de psalmodier, ni de doctriner, encore moins de jurisprudencer, c’est le temps d’agir, de pétrir le pain, de prendre le tournevis et le marteau, de sortir sa calculette et de prier le ciel que le prisonnier soit devenu un saint (s’il ne l’était pas, à sa sortie de prison, l’Etat de Vaud pourrait ne pas être trop bien dans ses baskets !).

Les spectateurs sont debout, hurlant. vociférant, beuglant comme jamais, dans l’éternité de ce cauchemar qui n’en finit pas.

La justice vaudoise doit aujourd’hui capituler, se mettre à genoux, faire publiquement son mea-culpa, accepter son immense péché, celui-là dit-on commis par Adam et Eve, lever les deux bras au ciel et implorer pardon. Oui, j’ai péché, divinement péché, veuillez, Seigneur, pardonner tous mes péchés.

Jamais entendu

Les spectateurs sont debout, hurlant. vociférant, beuglant comme jamais, dans l’éternité de ce cauchemar qui n’en finit pas. Le vainqueur s’avance face au visage de cette justice aveugle d’avoir été tant frappée, il sait que le prochain coup de poing sera fatal à son adversaire et à la boxe qu’il aime. Un coup encore et on voudra interdire ce sport de brute si éloignée du noble art.

La justice vaudoise n’a plus le choix : elle doit libérer cet homme.

Le condamné est désespéré, il croupit dans sa prison, il n’a plus goût à rien, il crie son innocence, écoeuré de n’avoir jamais été entendu, il sait que certains le savent parfaitement, que d’autres le haïront jusqu’à la fin des temps, il le sait, mais il veut simplement se promener libre dans les champs.

La justice vaudoise n’a plus le choix : elle doit libérer cet homme parce que deux magistrats, coussins et draps déployés, se sont touchés et ont aimé ça.

La justice parfois nécessite un acte d’amour.

Stéphane Riand

Post Scriptum : que le Valais ne se sente point trop épargné par ce combat en terre vaudoise. Il ne saurait donner de leçon à quiconque.

(1) forniquer, c’est avoir, selon le Larousse, des relations sexuelles avec quelqu’un

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