DURANT L’APOCALYPSE, LE BAR RESTE OUVERT (CHRONIQUE) Quand le Tour de France arrive en Suisse puis en Valais, les commentateurs français se plantent dans la géographie et la prononciation. Et c’est tout-à-fait normal. Leçon d’humilité.
Il se passe plein de choses durant l’Apocalypse et sur les réseaux sociaux. Toujours. Hier, sur Facebook, j’en ai vu plein suffoquer et s’offusquer. En plein cagna, la température est encore montée lorsque les présentateurs de France Télévision ont confondu Aigle et Bex ou Bex et Aigle. Puis qu’ils ont prononcé Finhaut, «Fine Haut». Entre autres bourdes. «Et pourtant, ils se donnent plus de peine, m’assure mon ami Patrick Nordmann. Avant, ils s’en foutaient complètement.»
Moi je dis STOP au racisme anti-français, le même que celui relevé, ce printemps, par la journaliste Marie Maurisse dans son ouvrage «Bienvenue au Paradis». Parce que les anges doivent s’agenouiller devant leur Dieu, parce que l’on n’a pas le droit de leur en vouloir. C’est vrai pour qui nous prenons-nous, Valaisans, des ex du Département du Simplon, pour donner des leçons de prononciations, de géographie, à ceux qui nous ont tout donné ?
Les routes, en Valais, sans Napoléon, il y en aurait autant ? Sans l’Empereur, le Tour de France nous aurait-il permis de transformer, durant deux jours et avec vingt personnes, un champ à l’effigie de notre canton et d’un cycliste? Une belle histoire de blé qui profite à tout le monde.
Soyons honorés d’avoir favorisé le passage des armées de Bonaparte, d’avoir été parfois aussi sa chair à canons. Très honnêtement, comparons ce qui est comparable. Face à la Lumière, sachons rester dans notre rôle luciole, dont seules les larves émettent de faible clarté. Arrêtons de nous offusquer pour des peccadilles. Après tout, nous ne sommes, en Suisse romande, même pas deux millions à parler une langue qu’Ils nous ont donnée gratuitement (sans parler des références et des bases culturelles).
Face aux 66 millions de Français, sachons que nous ne représentons qu’une crotte de nez minoritaire. C’est quoi que ces microbes qui voudraient remonter les bretelles au bacille? Je vous le demande! Déjà, en France, ils doivent apprendre toutes les notions, les particularités autour de 101 départements. Ne ramenons pas notre microscopique fraise quand ils s’en réfèrent au spot Ovomaltine, filmé en 1984, histoire de cerner notre pays. Eux aussi ont eu 8 secondes, dans les cours à l’école pour nous étudier en géographie.
Oui, ils se mélangent les pinceaux avec Bex ou Aigle, une prochaine fois, ce sera Venthône avec Veyras. Leurs élocutions fourchent, prononcent des «s» là où ils le devraient pas : Val d’Hérensssssssss, Cransssssss-Montana, et je vous en passe. Un peu de compréhension, que diable! Et puis, cela leur est arrivé, aussi, en France, que l’on fourche sur leurs noms propres à eux. Rappelez-vous des années quarante et le «Ach Parissssss!». A se demander, s’Ils ne se vengeraient pas un peu…
Joël Cerutti
PS : Cette chronique ironique pourrait s’appliquer aux Américains mais je devrais l’écrire en Suédois car ils confondent souvent Switzerland et Sweden. Ben, ça commence par les deux mêmes lettres, ils ont des excuses.