FUNI WOR(L)D 3   Si tu veux comprendre la différence entre un wagon pour Bouseux romands et un autre destiné à la Race Supérieur de Zurich, il suffit de chercher le 220. La prise électrique en dit beaucoup sur le fédéralisme en Suisse.

Imagine. Depuis ta Suisse romande, tu achètes un album en téléchargement légal. Ton adresse IP te trahit. Message du serveur : «Nous constatons que vous habitez dans une contrée de ploucs, économiquement faibles. Vous allez payer votre produit au même prix que vos Supérieurs de Zurich ou de Berne. Mais nous DEVONS vous retirer trois titres de l’offre initiale. Il fallait mieux choisir votre région.»

Nul doute que tu vas dénoncer cette arnaque à la Fédération des Consommateurs, alerter ceux qui savent taper sur un clavier et qui écrivent dans les médias. Non, mais !

Pourtant, depuis des décennies, dans les transports en commun, tu vis ça au quotidien. Pour le même prix de billet, selon les cantons, tu as droit à des wagons classieux ou des voitures pourries. Un grand classique des récriminations : la qualité des voitures qui circulent du Valais romand vers l’arc lémanique. Et vice versa.

Avec le temps, les pontes des CFF se sont aperçus que même les Bouseux utilisaient des ordinateurs.

En son temps, une enquête m’avait montré que la carcasse de certains trains remonte à plusieurs décennies. L’intérieur des voitures a tenté d’évoluer avec des bonheurs plus ou moins heureux. Et des paradoxes. Regarde celui de la prise électrique. Avec le temps, les pontes des CFF se sont aperçus que même les Bouseux utilisaient des ordinateurs. Et que cela serait sympa de leur permettre un branchement électrique. Dans les wagons les plus rustiques – ceux qui sont normalement destinés aux supporters du FC Sion – sont apparues deux prises 220 pour quatre places. Le luxe ! Mais une erreur de management. Le gars qui a pris la décision de les poser a dû se faire remonter les bretelles.

Ta batterie de seconde classe reste à plat, l’électricité se réserve à l’élite qui met le prix.

L’erreur a été corrigée dans les voitures plus « récentes » – à savoir avec une sorte de revêtement dans les bleus – et qui circulent à d’autres heures moins matinales. Là, il n’y a plus RIEN pour recharger ton smartphone, ta tablette ou autre PC. Ce privilège se destine aux premières classes ! Ta batterie de seconde classe reste à plat, l’électricité se réserve à l’élite qui met le prix. Tu comprends ça, ô Inférieur Welche ?

Tout change lorsque tu empruntes une ligne qui part vers la Civilisation, la si prospère Suisse allemande. Là, tu trouveras des prises électriques PARTOUT, que tu voyages en seconde ou en première. La Race Dominante possède des privilèges supérieurs aux Rampants, fraîchement anciens Crétins des Alpes. Il fallait le constater. Moi, je dis…

Joël Cerutti

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