PSYCHOLOGIE   Véritables «terroristes du sentiment» selon les spécialistes, les pervers narcissiques empruntent des voies détournées pour abuser leurs victimes. C’est ce qui est arrivé à Zoé* et à ses deux filles qui se sont fait «rouler» par un mari et père toxique qui, à coup de mensonges et de dissimulations, a même réussi à égarer la justice de la Riviera. Rencontre avec une femme qui revient de loin et qui s’apprête à publier un livre sur son parcours du combattant.

Au départ, l’histoire semble banale. En 1972, Zoé épouse Marc*. Ils habitent sur la Riviera vaudoise et deux filles naissent de leur union. Zoé a été cadre dans une institution financière à l’âge de 22 ans. Marc, son mari qui oeuvre dans la mécanique, se fait licencier quelques années après le mariage. Zoé, devant l’inertie de son conjoint, cherche à lui retrouver un emploi. Sans succès, elle a l’idée de créer alors une entreprise. Tout tangue et après trois ans de combat contre le bailleur, Zoé parvient à sauver l’affaire dans ses locaux avec pour seul remerciement de son mari, cette phrase encourageante: «Que je sois là ou ailleurs, j’en n’ai rien à foutre!».

Sympathiques, séduisants, réservés ou carrément tyranniques, les manipulateurs utilisent diverses manoeuvres pour parvenir à leurs fins et parviennent même à abuser les autorités.

On découvre là la problématique des manipulateurs et leur capacité de nier consciemment et inconsciemment l’existence de toute autre personne qu’eux-mêmes. Ce manque total d’affect entraîne des comportements tout à fait particuliers: mise sous tutelle de ses proches, mépris, menaces, humiliations, brutalités et au contraire, face à la société, une image totalement «contrôlée» d’amabilité et de sociabilité avec utilisation systématique du mensonge. Sympathiques, séduisants, réservés ou carrément tyranniques, les manipulateurs utilisent diverses manoeuvres pour parvenir à leurs fins et parviennent même à abuser les autorités (lire l’interview, partie 2).

Un manipulateur est un égoïste absolu

Voici quelques exemples des tourments qu’ont dû endurer Zoé et ses filles tout au long de ces années: «Barre-toi de MON entreprise, connasse!» alors que c’est elle qui l’a créée et fait fructifier. «Marche ou crève, merde transparente!» quand elle lui demande en vain de l’aider, à son tour, à créer un commerce. Pour ce faire, elle suit l’Ecole des cafetiers- restaurateurs avec diplôme à la clé, tout en continuant à bosser dans l’entreprise familiale. Ce diplôme ne lui servira à rien. Son ex-mari, comme tous les pervers qui se respectent, s’oppose à toutes ses tentatives de reprises d’indépendance financière.

Marc s’amusait en pleine rue à descendre le short et les dessous de sa fille de 14 ans pour l’humilier fesses à l’air!

A cette violence verbale, très souvent hors public, s’ajoutent des comportements de déni de l’autre qui vont du mutisme méprisant à la violence physique. C’est ainsi que Marc s’amusait en pleine rue à descendre le short et les dessous de sa fille de 14 ans pour l’humilier fesses à l’air!

Mais l’horreur domestique peut se transformer en horreur publique quand tous les droits des victimes sont bafoués par un pervers, forcément malin, et par des autorités qui, avec plus ou moins de complaisance, se laissent berner par un menteur pathologique.

Divorce à la diable

Le mariage entre Zoé et Marc va durer officiellement jusqu’en 2010, soit 38 ans. Mais dès 2003, Marc prétend avoir quitté le domicile conjugal, alors qu’il ne l’abandonne en fait qu’en décembre 2009. Ces dates cachent une mise en scène diabolique pour spolier sa femme de tout le travail qu’elle a accompli pour permettre à son mari de se faire une très belle situation.

Outre les brimades et autres vexations de son mari, elle constate que celui-ci est très «fâché» avec les règles les plus élémentaires de la gestion.

Zoé a une formation bancaire. Dès l’ouverture de l’entreprise, dans les années 70, elle s’est chargée de toute l’organisation, de l’administration et de la facturation, les comptes étant établis dès la première année d’exploitation par un ami de son ex-mari, fiduciaire. Et tout cela sans être jamais rémunérée ou reconnue comme employée de la société.

Outre les brimades et autres vexations de son mari, elle constate que celui-ci est très «fâché» avec les règles les plus élémentaires de la gestion d’une société: mélange des comptes, multiplication d’avoirs non déclarés, ventes au noir, déclarations fiscales fantaisistes, placements à hauts risques, l’homme multiplie les infractions vis-à-vis de l’Etat. Mais Zoé garde un oeil sur l’affaire. Lorsque que Marc demande unilatéralement le divorce en 2010, le dossier va être traité par le Tribunal de Vevey.

Le juge est abondamment abreuvé par des pièces comptables et autres preuves matérielles des délits de Marc, mais jusqu’à ce jour, il semble n’en avoir tenu aucun compte.

Le juge* est abondamment abreuvé par des pièces comptables et autres preuves matérielles des délits de Marc, mais jusqu’à ce jour, il semble n’en avoir tenu aucun compte, se bornant à constater que le pauvre homme ne gagne que 4000 frs par mois, alors qu’il en dépense allègrement 20’000! Résultat, Zoé perd toutes les procédures entamées pour faire valoir ses droits sur l’entreprise, ses acquêts et obtenir une rente décente, vu le train de vie de son mari. Le tout valant des centaines de milliers de francs, dont à ce jour elle n’a pas vu le premier sou! Pas un sou non plus des 300’000 frs pour son travail de 30 années non rémunéré, pourtant garanti par l’article 165 du Code Civil. Et cela sans compter le temps consacré à l’éducation des enfants et à la tenue du ménage.

La simple justice gagnera-t-elle?

Outre l’apparente mansuétude du juge pour le «malheureux» Marc, l’affaire va encore se corser. Écoeurée par les agissements de son mari, Zoé dénonce Marc à l’office des impôts de Vevey et aux services de la TVA en 2003, 2004 et 2008. Le préposé* aux impôts se manifeste par un silence assourdissant et une non entrée en matière flagrante. Petit détail: le préposé est l’oncle d’une certaine demoiselle* qui n’est autre que la maîtresse de Marc qui s’en vantera même devant son ex-femme!

L’article 90 du Code de procédure civile aurait dû protéger Zoé, en cas de non-paiement de la partie adverse, mais le juge l’aurait balayé d’un revers de manche.

Plus fort encore, mandaté pour une expertise complète des comptes officiels et cachés du sieur Marc, un notaire* commence par demander une première avance de 3500 frs aux deux conjoints. Zoé s’exécute, Marc s’y refuse. Zoé arrive à payer la part de son ex-mari, afin de permettre le lancement de l’expertise. Et le notaire lui fait savoir en 2012 «qu’il ne prendra pas en considération les pièces, car il ne tiendra compte que des 2 ou 3 dernières années d’exploitation de l’entreprise.»

L’article 90 du Code de procédure civile aurait dû protéger Zoé, en cas de non-paiement de la partie adverse, mais le juge l’aurait balayé d’un revers de manche, tout comme l’expertise fiduciaire qui n’aura jamais lieu.

Autrement dit, le fait d’avoir perdu 10 ans avant qu’une expertise ne soit mandatée, permet à la Justice d’affirmer qu’il y a prescription.

Autrement dit, le fait d’avoir perdu 10 ans avant qu’une expertise ne soit mandatée, permet à la Justice d’affirmer qu’il y a prescription. A ce jour, Zoé continue de se battre. Elle a déposé plainte en septembre 2014 auprès de l’arrondissement du Ministère public de l’Est vaudois pour «escroquerie, abus de confiance et faux dans les titres» contre son ex-mari. Mais la procureure Myriam Bourquin lui a répondu en date du 28 octobre que «le Ministère public n’entre pas en matière au motif que les faits de la présente cause semblent n’avoir qu’un caractère fiscal.» Quant à l’Administration cantonale des impôts à laquelle la même plainte a été adressée le 30 septembre, elle n’a toujours pas daigné répondre.

De même, Marc, l’ex-mari de Zoé n’a pas non plus répondu à notre proposition de commenter le témoignage et le livre de son ex épouse…

*Noms connus

Patrick Nordmann

Article paru dans Le Régional de cette semaine. Sur notre site pour celles et ceux qui n’habitent pas dans la région où ce journal gratuit est distribué.

Une réponse

  1. Hou quel tableau d’un Désastre… et quand les autres répondent à ces injustices qui ont bousillé des familles : vous êtes bien amer… -sic tous les chou-chous de la vie- c’est le pompon!

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