VIE DURAILLE   Grande opération de marketing et de carpette, ce matin, pour les CFF. Ils s’excusent d’avoir mis ta « patience à rude épreuve » et se dédouanent avec un bon de 30 francs. Lis bien leur texte entre leurs lignes, tes ennuis ne sont pas terminés ! Analyse.

Cumul de déveines, ce printemps, les CFF enchaînent les séries noires. Devant la grogne, ils réalisent, ce lundi 15 mai, un mea culpa sous forme d’opération marketing. Le « Votre patience à rude épreuve » surplombe un « Chères clientes, chers clients, merci infiniment de votre compréhension ». Le petit mot d’excuses qui suit te détaille les avanies et les avaries de ces dernières semaines. « Glissement de terrain, défaillance du nouveau système du contrôle du trafic, affaissement d’une ligne de contact : la nature s’est exprimée et la technologie aussi. » A mon humble avis, pas que ces deux éléments. Les CFF ont dû connaître un remontage de bretelles  – rêvons ! – par quelques « autorités » en place. Les CFF qui ouvrent leur porte-monnaie, j’ai des doutes sur la spontanéité du beau geste.

On poursuit ? « Votre parcours a été semé d’embûches, ces derniers temps. Nous en sommes désolés. » Ah? Cette commisération devrait gommer des milliers d’heures pour les usagères et usagers largués sur des quais qui pataugent dans leurs agendas en attendant une nouvelle rame? Merci pour la désolation !

« Nous avons tiré la leçon de ces incidents. » Comme moi, tu as déjà lu ça quelque part… Ce n’est – de loin – pas un accident de parcours dans le cursus des CFF. Depuis Rail 2000, les déboires s’accumulent. Parce que les CFF promettent monts et merveilles tout en réduisant drastiquement le personnel. Leçon tirée ? Mon œil ! « Nous mettons tout en œuvre pour que les travaux d’entretien et de modernisation de nos installations n’entravent pas le confort de vos déplacements. »

Voilà LA phrase élue 100% « Faux cul » du texte.

Elle te sous-entend que le calvaire subi ces derniers temps, ce n’était que pour ton bien. Râler, c’est facile et ce n’est pas bon pour la santé des collaborateurs des CFF, eux qui suent sang, eau et autres liquides pour TON confort. INGRAT ! Surtout, cela ne t’a sans doute pas échappé, les rédacteurs utilisent « mettons » et « n’entravent pas » au lieu de « mettrons » et « n’entraveront plus ». Ils se laissent une porte ouverte à ce que cela pétouille une ou plusieurs fois. Ce qui ne manquera pas d’arriver, les CFF se trouvant en pleine loi de Murphy Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal »). Prévois quelques errances ferroviaires, les bookmakers anglais donnent déjà une forte cote à cette éventualité !

Par contre, cette fois, tu ne pourras que la boucler. Eh ! Tu auras reçu 30 francs en guise de compensation ! Les CFF carpette, une fois ! Pas deux ! Ces 30 francs, tu remarqueras que tu ne peux les utiliser que dans leurs structures. Le cadeau qu’ils te font si « généreusement » se réinjecte au cœur de leur économie à eux. Cette magnanimité a été calculée pour que l’entreprise n’y perde pas trop.

Juste comme ça, en guise de rappel et la piqure qui l’accompagne, les CFF réalisent quand même l’exploit de rendre leurs trajets bientôt plus onéreux qu’en voiture (1) ! Avec 30 balles, on ne va guère loin en 2017. Encore moins en prenant un train suisse. J’aurais préféré que la somme soit versée en liquide, cela m’aurait permis de régler, en partie, la future vignette que je ne vais pas manquer de racheter. Ce printemps 2017, les CFF ont réussi à me dégoûter des transports en commun. Pour ça, je n’ai aucune « compréhension ».

Joël Cerutti

(1) http://www.20min.ch/ro/economie/news/story/13370796

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