En accord avec le journal Bon à Savoir, PJI vous offre quelques « bonus » autour de l’article sur les CFF  « Champions du Monde ». Retrouvez des infos supplémentaires et des témoignages de certains usagers. Ils ne se sont pas retrouvés dans l’article principal pour des pures questions de lignage.

La ponctualité

Depuis 19 ans, Vladimir Granziero emprunte tous les jours les CFF pour se rendre de Sierre (VS) à Carouge (GE). «Je prends le premier train, celui de 4 h 48. Même celui-ci peut arriver en retard. Entre Genève et Genève Aéroport, là aussi, le convois connaît des problèmes techniques. Et l’on hérite d’un tracasson sur le chemin du retour où nous sommes entassés les uns sur les autres.»

Les CFF précisent que le retard du 4 h 48 «est un cas unique du à l’encombrement des voies par un train de marchandise» et qu’il ne «peut être généralisé».

Les tarifs

L’investissement par an et par habitant dans les CFF se chiffre à 239 frs, contre 93 pour les Suédois, 87 en Allemagne et 76 en France. Nous entretenons donc un élève premier de classe européen en lui offrant les moyens d’une école privée.

Dès décembre 2016, nos billets subiront une nouvelle hausse de 3%. Voici un an et demi, Guillaume Pépy, pdg de la SNCF, promettait lui de futures baisses de 30% sur les billets des lignes TGV. Un moment de faiblesse?

Réservations

Au niveau européen, beaucoup déplorent l’absence d’une plate-forme de réservation commune. D’autant qu’il est difficile de s’y prendre plus de trois mois à l’avance. Ce manque d’union ou de cohérence débouche sur des dégâts colatéraux. Face aux compagnies d’avion low cost, les fameux trains de nuit, ceux qui reliaient Zurich à Barcelone ou Rome, n’existent plus. Les compagnies ferroviaires, par ailleurs ne bénéficant pas des mêmes avantages fiscaux que leurs sœurs aériennes, n’ont même pas cherché à lutter.

Remboursements

La Suisse offre entre 10 et 15 francs après une heure de retard et ce «dans l’esprit d’un bon service clientèle». Un dédommagement qui «s’effectue à bien plaire». Alexandre Mariéthoz a pu mesurer de quoi il en retournait. Le 8 mars 2016, il achète un billet de Lausanne direction Zurich. Un quart d’heure plus tard, son fils entre aux urgences au CHUV pour une opération. Le père se rend au chevet de son fils et annule son voyage. «Deux jours plus tard, j’ai adressé une demande de remboursement aux CFF, en joignant mon billet non utilisé et le certificat médical établissant que ma présence auprès de mon fils était indispensable.» Les CFF lui retourneront un bon de 9 francs.

Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF, assure que le billet aurait dû être remboursé avec «présentation d’un certificat médical attestant l’incapacité de voyager, à condition que le billet soit annoté (par un agent de train ou un guichet).» Mais qu’il y aurait eu des frais administratifs (10 ou 20 francs).

En 2014, les CFF ont versé pour deux millions de «dédommagements divers». Plusieurs sources nous indiquent que les voyageurs suisses hésitent à réclamer leur indemnisation. Vladimir Granziero s’est retrouvé coincé, seul sur un quai de gare à Aigle, sans aucun bus de remplacement pour continuer son trajet. Son amie a dû venir le récupérer depuis Sierre. Il n’a jamais envoyé la note d’essence aux CFF.

Les wagons

Les structures de certains wagons suisses qui effectuent le trajet entre Genève, Lausanne et le Valais remontent aux années soixante. Les CFF jurent que ces trains sont «assurés par du matériel moderne et climatisé depuis fin 2015». Ce qui est inexact, il suffit de prendre ces trains au quotidien pour constater que ces voitures sont toujours de la partie.

Pour la petite histoire, ces vieilleries se sont retrouvées sur les rails après l’Euro 2008. Les CFF ont subitement réalisé qu’ils pouvaient circuler avec des trains longs de 340 mètres. D’où l’ajout de ces antiquités aux panneaux «Portes défectueuses» si fréquents… Certains touristes, au départ de Genève vers les Valais, se sont demandés si les wagons venaient de Roumanie… Moins ironiquement, ces voitures ne se révèlent de loin pas la panacée idéale pour les personnes handicapées ou du 3e âge.

Sécurité (chapitre abandonné dans la version fournie à BAS)

Xavier Lambercy prend souvent le train entre Martigny et Lausanne « pour raisons professionnelles ». « Cependant, un soir, après l’arrêt de Montreux, un passager chargé et potentiellement shooté se met à emmerder les passager dans le wagon où j’étais et me cible plus particulièrement. Je l’ignore dans un premier temps mais il se fait très insistant avec menaces de mort et comportement agressif. Utilisant l’expérience que j’ai acquise en psychiatrie, je l’empêche de se concentrer sur moi en lui signalant qu’il allait tomber (ce qui était vrai) en gesticulant devant moi. Profitant d’un moment d’inattention de mon encombrant voisin, j’appelle la police ferroviaire. Mon appel débouche à Zurich et l’intervenante m’informe qu’elle fait le nécessaire… mais rien ne se passe jusqu’à Lausanne. Entre temps, le gars se montre tellement agressif que je demande de l’aide à voix haute sans que personne ne lève le petit doigt dans un wagon pourtant plein. C’est finalement un passager baraqué traversant le wagon qui viendra m’aider à expulser le gars en gare de Lausanne et l’empêchera de remonter. Pendant ce temps je cherche le contrôleur du train et je tombe sur deux petites nanas en uniforme des CFF tremblantes de peur et m’informant qu’elles m’ont cherché mais n’ont pas pu trouver le wagon alors que j’avais donné des informations à ce sujet à la centrale. Il faut croire que le gars devait sembler violent, une des passagères est même venu s’excuser de ne m’avoir pas aidé car elle avait trop peur tout en me félicitant de la manière dont j’avais géré la situation. Moralité Je ne prends plus le train sans un spray autodéfense. Triste mais vrai. »

Jean-Philippe Schmid, porte-parole des CFF, garantit une amélioration de la sécurité:

« Depuis cinq ans, nous sommes clairement dans une logique de renforcement de nos patrouilles. L’effectif de la police des transports est passé de 40 à 53 agents pour la Suisse romande, et nous engageons encore. Depuis 2012, les trains grandes lignes sont systématiquement accompagnés par deux contrôleurs. »

Conclusion

Les officialités ne persuadent guère ceux qui se révèlent des fidèles du rail. «Il se délite, le service public, observe Vladimir Granziero. Moi, mon boulot passager, c’est d’arriver en avance sur le quai de gare. Le job des CFF est de m’amener à l’heure d’un point A à un point B. Tout ce qui est en dehors de ça se révèle anormal pour moi. J’ai marqué mon insatisfaction sur la photo de mon AG à 6000 frs. Vous voyez comment je leur tire la gueule?»

Joël Cerutti

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